L’Ecosse est un pays où se forgent les légendes. Nous pouvons penser que J.J.R. Tolkien avait en tête ces paysages rudes et superbes quand il a écrit « Le seigneur des anneaux ». Lande abrupte, lumière étrange, qui peut nimber le paysage et en disparaître en un instant, étendues ventées et désolées, magnificence des côtes découpées, battues par une mer bleue changeante. Dans le chatoiement violet de la bruyère en fleur, les rudes cottages de pierre grise s’alanguissent dans leurs corsets fleuris faits d’hortensias et autres fleurs résistantes au climat. Et toujours les plaines verdoyantes ponctuées de moutons, avec ça et là, si vous savez y faire, une envolée de grouses qui vous prennent de court.

Pays où la mer se confond avec le ciel et la terre en de vastes immensités dépeuplées, où la trace de l’homme est souvent impalpable, se révélant dans un bouquet de maisons, qui se font parfois châteaux, fondu dans un camaïeu plein de continuité. Des bleus, des verts, dans toute la nuance de ces deux couleurs, enchâssent les palettes de gris, plombé, ardoise, profond ou nimbé d’argent, qui découpent le paysage d’eau ou de ciel, rehaussant la couleur brute de toutes leurs acidités. Et la lumière est ici sauvage, comme rendue à sa force primitive ; elle fait le bleu profond des lochs ou leur matité semblable à la pierre, elle assourdit le vert crissant des langues herbeuses ou en révèle toute leur crudité. Le pays est aussi somptueux par beau temps que par mauvais, il irradie une puissance naturelle qui lui est propre et que l’on ne peut se lasser d’admirer, comme vous le verrez, j’espère, dans les quelques images que je vous livre ci-dessous.

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