Promenades : l’Inde à Paris (2016)

Il n’est pas besoin d’aller loin, de prendre des trains, des avions, des bateaux, pour voir des mondes différents, se dépayser à peu de frais pour quelques heures… Dans la capitale française, notamment, coexistent des microcosmes culturels spécifiques, qui investissent un quartier particulier, comme si la création d’un territoire à soi était une nécessité viscérale chez l’être humain. Et d’une rue à l’autre, la tonalité change du tout au tout, vous franchissez une frontière invisible qui vous transporte autre part.

Ainsi en est-il de la zone parisienne délimitée à l’ouest par la rue du Faubourg Saint-Denis, à l’est par la rue de l’Aqueduc, au Sud par la rue de Dunkerque et au nord par la rue du Département. Quelques kilomètres carrés adjacents à la Gare du Nord, où tout devient continent lointain, prenant ses racines en Inde. Quelques pas de côté et vous vous retrouvez dans l’ébullition de la gare, avec ses voyageurs pressés, ses mendiants et autres personnes qui zonent ; quelques centaines de mètres vers l’est et c’est toute l’Afrique qui s’offre à vous, au pied du métro Château Rouge.

Ici, nous sommes dans Little India, territoire à la structure parisienne reconnaissable (immeubles haussmanniens, bus familiers…) colonisée par une autre culture, abritant en majorité des Tamouls, qui recréent ici un peu de l’Inde et du Sri-Lanka, leur région d’origine.

Rue du Faubourg Saint-Denis, un déjeuner au restaurant Sangheetha, à base d’un assortiment de mets dans de petites coupelles d’acier, commence à vous dépayser sérieusement. Tout est pareil que dans les restaurants indiens que nous connaissons et à la fois différent ; vu la clientèle, nous nous rapprochons sans doute de ce qu’est un repas indien.

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Impossible de tout décrire ; en résumé c’était très bon !

Nous allons ensuite notre chemin, au gré des rues Perdonnet, Louis Blanc, Pajol, Cail et Philippe de Girard, croisant des magasins de saris, des pâtisseries qui font vraiment envie, des supermarchés aux légumes et autres produits inconnus de nous. Huile de moutarde, haricots de toutes tailles et de toutes couleurs, savon au santal, concentré de gingembre et d’ail ( 😉 => E.), assiettes en inox fort belles, cuillères à riz, noix de coco fraîche râpée, petites aubergines semblables à des tomates vertes, bonbons au gingembre et sésame, fruit du Jacquier, mangues en provenance de toutes les latitudes, avocats aux dimensions plus que respectables… Toutes choses dépaysantes et mystérieuses qui font comme un appel vers ailleurs…

Dans ce grand soleil hivernal qui nous accompagne, après une halte dans un café où nous buvons du lhassi et du thé au lait dans des gobelets en inox, nous continuons notre route, croisant des boutiques de saris, bijoux de nez et boucles d’oreille ritulantes. Nous ne nous arrêterons pas, faute d’appétit et de temps, à la pâtisserie Ganesha sweets, qui exhibe en devanture des douceurs tentantes, aux noix de cajou, au gingembre, sésame et j’en passe.

Le retour à la Gare du Nord fait un peu comme un jet-lag. Et nous reprenons nos vies normales, tout en se jurant d’y retourner…

FB