En cette période de froidure, où il ne fait pas bon mettre un pied dehors, j’ai décidé de me lover autour de ce qui est au cinéma ce qu’est un bon feu de cheminée aux habitants d’une maisonnée, c’est à dire un opus réconfortant, de ceux qui vous font attendre plus patiemment le retour du printemps.
J’ai nommé le légendaire film « Pretty woman », qui est aux fans de films romantiques ce que « Star wars » est aux tenants du film de science-fiction (1). Voilà en effet une comédie sentimentale qui a fait date, révélant notamment Julia Roberts, qui en plus de sa plastique parfaite, illumine le film de ses sourires ravageurs et de sa vitalité revigorante.
Pour ceux qui auraient vécu depuis 1990 sans télévision ni moyen d’aller au cinéma (2), voilà une mise en situation du récit. Edouard, avocat d’affaires richissime et impitoyable en affaires, rencontre de manière improbable Vivian, qui se prostitue sur Hollywood Boulevard, à Los Angeles. Intrigué par cette jeune fille, qui notamment sait conduire une Lotus Esprit (!), il va l’engager comme « escort girl » pour une semaine, au moment où il prépare le rachat d’une entreprise en difficulté qu’il compte vendre par morceaux. C’est cette relation que nous conte le film, sur fond de revirement professionnel d’Edouard.
Nous sommes dans un conte de fées, dimension parfaitement assumée ici, et à laquelle la scène finale fait un grand clin d’oeil, mais nous pouvons aussi citer la mémorable séquence de shopping, Vivian (tiens, encore un prénom plein de résonances mythiques !) tenant la dragée haute (3) aux Cendrillon, Belle au bois dormant et consorts (4) ou encore l’intervention du directeur de l’hôtel (excellent Hector Elizondo, voir photo ci-dessous) en manière de bonne fée.

Voilà, maintenant vous mettrez un nom sur ce visage si connu…
Et c’est cela qui nous ravit, la reconstitution d’un récit merveilleux, implantée en plein monde contemporain. Notons que Los Angeles n’est pas choisi par hasard, c’est le territoire des stars et de leur ascension fulgurante, ce trait rejoignant l’aspiration au rêve américain qui promet à tout un chacun une trajectoire hors du commun pour peu qu’il s’en donne la peine. J’en veux pour preuve la maxime du film, qui l’ouvre et le ferme, sur les rêves qui deviennent réalité dans ce pays ouvert.
C’est en effet un des deux plus grands atouts du film que d’ancrer ce récit a priori hors du temps dans la réalité de l’époque ; avocat cynique, seul et fortuné, qui ne cherche qu’à faire du profit ; étudiante en devenir, prête à se vendre pour payer ses études, tout cela empreint le film d’une bouffée de ce monde en désenchantement. Et cela donne du poids à ce que nous voyons. Bien sûr nous sommes avant les crises récentes, les golden boys sont encore des figures positives et l’idéal social n’est pas encore trop entamé.
Le deuxième tient à la réalisation. Sur un scénario digne de « Harlequin » (5), le réalisateur installe un vrai rythme, la comédie avance, portée par l’abattage de Julia Roberts, excellente (Richard est comme à son habitude très en retrait, impassible).
C’est donc à voir (ou à revoir) dans cette période de morosité. Personnellement, j’adore !
FB
(1) Promis, j’arrête le procédé stylistique ! Du moins pour cet article… 😉
(2) Je ne parlerai pas ici des réfractaires au genre sentimental, ils auront déjà arrêté de lire mon article, si tenté qu’ils aient commencé à le parcourir…
(3) « Tenir la dragée haute » vient d’un jeu pour enfant de l’Ancien Régime où il s’agissait de tendre vers des enfants une confiserie attachée à un fil que l’on remontait pour les empêcher de l’attraper ; un peu comme les queues de manège, vous voyez ? C’était la minute culturelle du blog.
(4) ou « consortes » ? J’ai quelques doutes…
(5) Maison d’édition canadienne qui publie depuis 1949 des romans à l’eau de rose formatés.