Voilà un temple qui n’est pas dans les guides, j’ai connu son existence par un de mes collègues chinois. Son nom signifie « Le temple qui habite dans les nuages » et ce nom seul m’a donné envie d’y faire un tour.
Il se trouve à plus de 60 kilomètres du centre (mais toujours dans Pékin), vers l’ouest/sud-ouest, dans le district de Fangshan. Si vous ne conduisez pas, s’y rendre (mais surtout en revenir) n’est pas vraiment simple, il vaut mieux réserver une voiture avec chauffeur. Sinon vous pouvez tenter l’aventure comme je l’ai fait, appeler un taxi pour l’aller et parier que vous trouverez un autre taxi pour vous ramener (sinon vous avez toujours l’alternative des transports en commun, préparez vous à 3h30 de voyage).
Pendant le trajet (qui dure quand même presque 1h30), j’ai profité des vues ; au fur et à mesure que nous nous éloignions du centre, j’ai vu surgir ces montagnes austères qui entourent la capitale à l’ouest.
Arrivée au temple, j’ai compris pourquoi il était connu et prisé en contemplant la beauté de l’environnement, des montagnes sauvages à perte de vue…
Le temple déploie ses 7 hectares le long de la montagne, il faut gravir la pente (douce) marche après marche, comme une allégorie de l’ascension spirituelle du croyant bouddhiste. Sa construction date des VIe/VIIe siècle, il comprend cinq cours et six halls majeurs qui s’échelonnent d’est en ouest, mêlant des bâtiments destinés aux moines et d’autres aux dynasties impériales, puisqu’il a longtemps bénéficié de la protection de différentes dynasties. Il était très connu pour la rédaction de sutras sur bois 木, pierre 石 et papier 纸, dont l’on peut admirer de magnifiques (et très rares) collections dans des pavillons adjacents aux cours (les plus anciens datent de la fin du VIIe siècle, les plus récents du XVIIe siècle).
Après l’entrée, tout commence de manière assez classique, avec, sur la droite une Tour du tambour, et sur la gauche une Tour de la cloche, ce qui ne perturbera pas outre mesure tous ceux d’entre vous qui ont déjà visité un temple bouddhiste.
J’ai ressenti ici une paix hors du temps. Très peu de visiteurs, la plupart étant des fidèles qui faisaient des offrandes aux divinités bouddhistes, j’ai été régénérée par la beauté religieuse du lieu, la chaleur du soleil de printemps et l’air pur des montagnes alentour (d’aucuns m’ont expliqué que Pékin était très pollué ce jour-là, a priori pas partout).
Le premier hall est dédié au Bouddha Vairocana « l’Illuminateur », je retrouve ici les couleurs vives que j’avais vues au Tibet, toutes les salles suivantes porteront ensuite cette esthétique.
Au fur et à mesure que l’on monte vers les bâtiments les plus élevés, la montagne se fait plus présente alentour, apparaissant comme sculptée dans une pierre sèche et sombre.
Dans le Palais Yaoshi (ou du Maître médecin), j’ai vu cette belle représentation des douze signes du zodiaque.
Dans la cour du Hall Amidaba se trouve un poisson en pierre, bien énigmatique, figure sacrée thaumaturgique.
Et dans la même cour, une pierre sacrée aux allures de nuage, elle, vous apporte la bonne fortune.
La dernière cour, la plus élevée est aussi la plus grande en proportion.
Elle abrite le Palais de la Grande Tristesse, habité par la divinité Avalokitesvara, déesse de la Miséricorde, qui protège le monde armée de ses mille mains et de ses mille yeux.
Dans la même cour se trouve un hall abritant des os de Bouddha, reliques sacrées et vénérées, c’est a priori un endroit exceptionnel en Chine.
Voilà, je vous ai emmenés avec moi tout en haut de ce temple, en serpentant au travers des différentes cours ; mais il me reste à vous montrer une des plus belles choses que j’ai vues ici, deux pagodes disposées en symétrie au nord et au sud, à peu près au milieu du temple.
La première, la Pagode du Sud, a été bâtie sous la dynastie Liao (916-1125) et sévèrement endommagée par la Guerre Sino-japonaise. L’histoire dit que les fusillades ont fait tomber une plaque gravée qui a permis de retrouver de très nombreuses plaques d’écriture des époques Liao et Jin, jusque là cachées.
La Pagode du Nord m’a semblée encore plus belle. Plus ancienne (certaines parties remontent aux VIe/VIIe siècle et un peu plus haute (34 mètres) mais aussi très différente, faite d’une pierre presque jaune gravée de sculptures très raffinées.
Elle donne sur un promontoire où trois tombes en forme de stupa abritent les restes de trois prestigieux abbés de l’époque Qing.
Ce fut une découverte magnifique aux confins de la capitale.
FB