Pékin – Temple Yunju 云居寺 (2024)

Voilà un temple qui n’est pas dans les guides, j’ai connu son existence par un de mes collègues chinois. Son nom signifie « Le temple qui habite dans les nuages » et ce nom seul m’a donné envie d’y faire un tour.

Il se trouve à plus de 60 kilomètres du centre (mais toujours dans Pékin), vers l’ouest/sud-ouest, dans le district de Fangshan. Si vous ne conduisez pas, s’y rendre (mais surtout en revenir) n’est pas vraiment simple, il vaut mieux réserver une voiture avec chauffeur. Sinon vous pouvez tenter l’aventure comme je l’ai fait, appeler un taxi pour l’aller et parier que vous trouverez un autre taxi pour vous ramener (sinon vous avez toujours l’alternative des transports en commun, préparez vous à 3h30 de voyage).

Pendant le trajet (qui dure quand même presque 1h30), j’ai profité des vues ; au fur et à mesure que nous nous éloignions du centre, j’ai vu surgir ces montagnes austères qui entourent la capitale à l’ouest.

Avec un beau pylône en premier plan, qui volerait presque la vedette à ces montagnes comme découpées sur le ciel
Ces sanitaires à panneaux solaires intégrés m’ont bien amusée

Arrivée au temple, j’ai compris pourquoi il était connu et prisé en contemplant la beauté de l’environnement, des montagnes sauvages à perte de vue…

Le lion-dragon qui garde la porte sur sa gauche
Et l’employée qui garde la porte (sur la gauche également) pour ceux qui auraient passé sans encombre le lion/dragon

Le temple déploie ses 7 hectares le long de la montagne, il faut gravir la pente (douce) marche après marche, comme une allégorie de l’ascension spirituelle du croyant bouddhiste. Sa construction date des VIe/VIIe siècle, il comprend cinq cours et six halls majeurs qui s’échelonnent d’est en ouest, mêlant des bâtiments destinés aux moines et d’autres aux dynasties impériales, puisqu’il a longtemps bénéficié de la protection de différentes dynasties. Il était très connu pour la rédaction de sutras sur bois 木, pierre 石 et papier 纸, dont l’on peut admirer de magnifiques (et très rares) collections dans des pavillons adjacents aux cours (les plus anciens datent de la fin du VIIe siècle, les plus récents du XVIIe siècle).

Un exemple de gravure d’écritures sur bois

Après l’entrée, tout commence de manière assez classique, avec, sur la droite une Tour du tambour, et sur la gauche une Tour de la cloche, ce qui ne perturbera pas outre mesure tous ceux d’entre vous qui ont déjà visité un temple bouddhiste.

La Tour du tambour, adossée à la montagne
Et sa jumelle, en face, la Tour de la cloche
Séparées par un portique très coloré

J’ai ressenti ici une paix hors du temps. Très peu de visiteurs, la plupart étant des fidèles qui faisaient des offrandes aux divinités bouddhistes, j’ai été régénérée par la beauté religieuse du lieu, la chaleur du soleil de printemps et l’air pur des montagnes alentour (d’aucuns m’ont expliqué que Pékin était très pollué ce jour-là, a priori pas partout).

Un mur votif qui dissimule les vendeuses d’encens et d’offrandes

Le premier hall est dédié au Bouddha Vairocana « l’Illuminateur », je retrouve ici les couleurs vives que j’avais vues au Tibet, toutes les salles suivantes porteront ensuite cette esthétique.

Les photos étaient interdites, je l’ai compris (heureusement) trop tard

Au fur et à mesure que l’on monte vers les bâtiments les plus élevés, la montagne se fait plus présente alentour, apparaissant comme sculptée dans une pierre sèche et sombre.

Cour du Hall Sakyamuni
Vue au-dessus des toits

Dans le Palais Yaoshi (ou du Maître médecin), j’ai vu cette belle représentation des douze signes du zodiaque.

Oui, je sais, je ne vous en montre que la moitié

Dans la cour du Hall Amidaba se trouve un poisson en pierre, bien énigmatique, figure sacrée thaumaturgique.

Si vous le touchez, vous serez guéri de vos maladies

Et dans la même cour, une pierre sacrée aux allures de nuage, elle, vous apporte la bonne fortune.

Une photo vous procurera autant de bénéfice qu’un attouchement, modernisation des processus

La dernière cour, la plus élevée est aussi la plus grande en proportion.

Avec des arbres encore parés de la poussière de l’hiver

Elle abrite le Palais de la Grande Tristesse, habité par la divinité Avalokitesvara, déesse de la Miséricorde, qui protège le monde armée de ses mille mains et de ses mille yeux.

Impressionnante dans toute sa noirceur de divinité

Dans la même cour se trouve un hall abritant des os de Bouddha, reliques sacrées et vénérées, c’est a priori un endroit exceptionnel en Chine.

Abrités dans une stupa de marbre blanc

Voilà, je vous ai emmenés avec moi tout en haut de ce temple, en serpentant au travers des différentes cours ; mais il me reste à vous montrer une des plus belles choses que j’ai vues ici, deux pagodes disposées en symétrie au nord et au sud, à peu près au milieu du temple.

La première, la Pagode du Sud, a été bâtie sous la dynastie Liao (916-1125) et sévèrement endommagée par la Guerre Sino-japonaise. L’histoire dit que les fusillades ont fait tomber une plaque gravée qui a permis de retrouver de très nombreuses plaques d’écriture des époques Liao et Jin, jusque là cachées.

Fièrement dressée dans le bleu du ciel, du haut de ses trente mètres de pierre grise

La Pagode du Nord m’a semblée encore plus belle. Plus ancienne (certaines parties remontent aux VIe/VIIe siècle et un peu plus haute (34 mètres) mais aussi très différente, faite d’une pierre presque jaune gravée de sculptures très raffinées.

Dans les bambous et les nuages qui passent
Un exemple de décoration de la pagode

Elle donne sur un promontoire où trois tombes en forme de stupa abritent les restes de trois prestigieux abbés de l’époque Qing.

Comme un moment d’éternité

Ce fut une découverte magnifique aux confins de la capitale.

FB