Shijiazhuang 石家庄 (« Village de la famille Shi ») est la capitale de la province du Hebei 河北 (« province au nord du Fleuve (Jaune) », avec les trains rapides, elle n’est séparée de Pékin que par une heure de trajet.
J’ai décidé d’aller y faire un tour pour voir un très célèbre temple, la météo nous promettant de surcroît un temps magnifique. A peine arrivée, j’ai été frappée par la vision de cette ville hérissée de buildings modernes (je me demande si elle a un centre ?).
Ce n’est plus un village depuis longtemps, plutôt une agglomération dite « moyenne », 11 millions d’habitants, considérée comme une ville depuis 1939, donc très récente. Je la connaissais au travers d’un film chinois dur et magnifique que je chroniquerai un de ces jours (mais depuis la France) « An elephant sitting still » (Hu Bo, 2018), qui n’en donnait pas un image très engageante.
J’avoue m’être demandée, alors que je faisais mon chemin vers la vieille ville de Zhengding, si je ne m’étais pas trompée de destination, tellement il paraissait improbable que cette ville ultra-moderne abrite un temple ancestral.
C’était une ville fortifiée bâtie au VIe siècle, qui garde son plan d’origine, avec des maisons basses et des rues très agréables, en contraste avec tous ces buildings qui la surplombent. Les murailles s’étendent sur 24 kilomètres et ont été refaites très récemment ainsi que les portes.
Il faut persister, les hiatus d’architecture sont ici monnaie courante et l’entrée du Temple Longxing 隆兴寺 (qu’on pourrait traduire par « Temple de l’immense prospérité »), ressemblait plus à ce que je venais voir.
Il fait partie des plus célèbres temples bouddhistes en Chine, érigé en 586 et agrandi par des campagnes successives jusqu’au XVIIIe siècle, il occupe désormais 90 hectares et comprend encore de magnifiques bâtiments, statues et fresques.
Le Hall Manichéen, bâti au milieu du XIe siècle, est un des premiers exemples de ces splendeurs, c’est l’un des bâtiments de l’époque Song (Xe/XIIIe siècle) les mieux conservés de toute la Chine.
Il abrite des fresques de l’époque Ming, qui ornent l’ensemble des murs intérieurs.
Et le chef d’oeuvre occupe un mur de 9 mètres sur 7 mètres, avec des couleurs d’une fraîcheur incroyable.
Une dernière image pour vous montrer la somptuosité des nuances colorées et la légèreté des mouvements, les personnages, Bouddha et son entourage, semblent presque vivants.
Sur le mur nord, un immense panneau de bois sculpté et peint (lui aussi de 9 mètres sur 7 mètres) nous montre la déesse Guanyin (dans sa forme masculine ; Guanyin, déesse de la compassion était à l’origine Avalokitesvara, un Boddhisatva lui aussi associé à la compassion, il s’est féminisé dans la théologie chinoise).
Le bâtiment impressionne par sa hauteur, inédite, et ses incroyables charpentes, dégageant une odeur de bois bien agréable.
Les arbres anciens jalonnent mon chemin, honorés de bien des rubans rouges, qui font une belle parure à leurs branches noueuses, tordues par le temps.
Mais la concurrence est rude avec toute cette nature qui vibre dans le printemps, avec des éclosions de fleurs qui ne savent plus où donner de la tête.
Dans le Hall de l’autel bouddhique déjà mentionné, se trouve une statue de bouddha au double visage, en bronze, datant de 1493.
Les différents pavillons que je vais découvrir par la suite, sous leur apparence classique, renferment des trésors.
Dans le pavillon suivant, dit de Maitreya (le bouddha du futur), se trouve cette statue en bois de 7 mètres de haut, édifiée sous la dynastie des Song du nord (960-1127), je suis saisie par sa formidable grandeur, que dire de plus, je suis restée longtemps à la contempler et je suis revenue la voir à la fin de ma visite.
Le Pavillon de la grande miséricorde abrite la pièce maîtresse du temple, une statue de bronze de 21 mètres de haut, datant de 971 et figurant la déesse Guanyin. Il faut tordre le cou vers le haut pour la voir en entier, tellement elle en impose par la taille.
Vous comprendrez mon enthousiasme, visiter ce magnifique temple, à la découverte de trésors, dans la belle lumière du printemps qui arrive, et être dans un des endroits les plus emblématiques du bouddhisme en Chine, c’est une vraie chance !
Dans le jardin attenant au temple, ouvert en 2005, les arbres plus jeunes crôulent sous les fleurs dans l’effervescence printanière.
Les pagodes
Le lendemain, j’ai arpenté les rues à la recherche d’autres temples (perdus ? Non cela fait trop « Indiana Jones » !) qui jalonnent la ville. Ils ont tous un point commun, l’intérêt n’est pas tant dans les temples eux mêmes (quand ils existent encore) mais dans les pagodes qui les ornent, quatre au total, toutes datant de la deuxième moitié de la dynastie Tang (618-907), remaniées ensuite tout en gardant leur structure originelle.
Bien que construites à la même époque, elles sont toutes dissemblables et vous font changer d’horizon à chaque fois, au gré de leurs styles différents.
Un vrai dépaysement aux portes de Pékin !
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