Cinémas – Louis-Julien PETIT : Discount (2013)

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Voilà un film basé sur ce que j’appelle une vraie fausse bonne idée… Jouant avec des concepts tendance, il va de mon point de vue juste un peu trop loin pour être crédible et attachant.

Soit un groupe d’employés d’un magasin discount, dans le nord de la France, qui, menacés de licenciement par la mise en place de caisses automatiques, mettent au point un plan pour gagner de l’argent sur le dos du magasin avant l’échéance fatidique. Pour jouer les protagonistes, le metteur en scène a fait appel à une kyrielle de bons comédiens, dont je citerai notamment Corinne Masiero (remarquée dans « Louise Wimmer » en 2012), Sarah Suco, Nicolas Bartélémy et Zabou Breitman, impeccable en gérante du magasin.

Idée originale et généreuse, distribution impeccable, à quoi il faut ajouter un vrai talent de cinéaste, notamment dans la description du magasin, au début, qu’il filme tel un décor de fim d’anticipation, pourquoi cela ne marche t-il pas ?

Nombre de films ont abordé le sujet de la pauvreté financière, des difficultés d’avenir de certaines populations qualifiées de « défavorisées » (les Frères Dardenne, « Louise Wimmer » de Cyril Mennegun, auquel je faisais allusion, plus récemment « Bande de filles » de Céline Sciamma), mais avec une manière fort différente, en centrant leur propos sur la personnalité des protagonistes, en leur donnant chair pour que nous soyons touchés par ce qui leur arrive. Ici, cette épaisseur nous manque, les personnages se laissent plutôt saisir dans leurs actes ou dans leurs interactions – relativement stéréotypées. Gilles, Emma, Christiane, Alfred ou Momo sont principalement montrés de l’extérieur, caractérisés par leur contexte de vie qui finit par prendre beaucoup de place. Nous sont ainsi présentés une mère célibataire avec un enfant à charge, un jeune homme s’occupant de son père aveugle, une femme ruinée par la succession de son mari fermier, un jeune français d’origine algérienne un peu en surpoids, un père ancien alcoolique que sa fille et sa femme ne veulent plus voir… Autant de personnages qui, seulement esquissés, frôlent le cliché.

Puisque nous sommes dans une comédie, cela aurait pu suffire, des personnages « types » pris dans une intrigue qui est l’essentiel du film. Mais comme le film veut mélanger propos social et comédie, cela ne prend pas, il se retrouve comme en déséquilibre. En conséquence, l’intrigue perd de son intérêt et de sa force, pour en devenir parfois caricaturale. Témoin le comportement de la gérante, voire de toute la ligne hiérarchique du magasin (même s’il est vrai que les relations professionnelles peuvent être très dures, ici cela semble aller trop loin). Ou encore la solidarité entre « pauvres », mise en scène de manière assez simpliste. Mais également la question du vol, dont on ne comprend pas bien ce que le cinéaste veut en faire : est-ce « bien » ? (mais alors pourquoi cette fin ?) ou est-ce mal ? (mais alors pourquoi tant d’enthousiasme à le décrire avec cette légèreté ?).

Il aurait sûrement fallu que le cinéaste choisisse son camp entre oeuvre de société et comédie pour faire de ce fim un objet cohérent.

Bref, je reste très mitigée ; cela doit se sentir 😉

FB