Hilarant, on vous dit, hilarant ! Grâce à mon amie F** (1), j’ai plongé la tête la première (et je n’ai pas encore émergé) dans l’humour qui venait du froid, en l’occurrence de Norvège où les frères Ylvisåker; nés dans les années 1980, forment un duo comique irrésistible.
N’étant pas habitante du Grand Nord, je ne connais pas leur talk show, seulement les vidéos musicales que l’on peut voir sur You Tube ou assimilés. Et elles sont jouissives, s’inscrivant dans la mouvance musicale actuelle, avec juste un léger décalage qui leur donne toute leur saveur.
Ce sont des clips très produits, magnifiquement réalisés, dans une facture classique et très léchée. Usant de ralentis, d’effets de fumée ou de lumière, parfaitement filmés, ils donnent une dimension sérieuse et presque grave aux chansons, les insérant dans un notre univers familier du clip musical de qualité, aux moyens financiers non négligeables.
La musique s’inspire de toutes les tendances actuelles, heavy rock, dubstep, soul, house ; elle tisse des mélodies simples et parfaitement assimilables pour qui écoute les radios musicales actuelles (avancerai-je que ces deux lascars ont là aussi voulu s’inscrire dans la mode, dans le genre : vous voyez, c’est tellement facile à faire un tube ? – oui, certainement !). Les voix sont tout à fait à la hauteur, décidément ils sont doués nos Norvégiens. Et je ne parlerai même pas de l’exécution musicale, parfaitement millimétrée.
Après s’être ainsi inscrit comme des caméléons dans ce paysage musical tellement familier, nos compères vont le dynamiter pour notre plus grand plaisir. Très beaux tous les deux, ils s’amusent d’abord à mettre par terre l’esthétique masculine en en faisant juste un peu trop. Chemise au vent, yeux perdus dans le lointain, blouson de cuir et moto sous la pluie, adossé à un arbre dans un rayon de soleil, tout est légèrement exagéré pour que nous sentions le décalage. Notons au passage l’autodérision omniprésente ici, mais qui n’est pas tant répandue que cela…
Ce pas de côté, nous le sentons surtout dans les thèmes et paroles des chansons. C’est un vrai festival… Littéralité (quand nous est donnée l’exacte description de ce qui se passe à l’écran ou le mode d’emploi d’un jacuzzi, excellent !), thèmes improbables (une chanson sur un politicien norvégien, Jan Egerland, spécialisé dans l’humanitaire, une autre sur Stonehenge, mettant à jour des interrogations fondamentales sur la manière dont le site a été construit, une encore sur la manière de s’exprimer du renard….), « freestyle » pour certaines répliques…. Tout cela est incroyablement agencé, cela fonctionne pour nous faire rire de bon coeur.
Je vous recommande d’écouter Ylvis et de les suivre (et si vous parlez norvégien ce sera tout de suite plus facile je pense – les vidéos ci-dessous sont sous-titrées en anglais, si vous n’êtes pas familier avec cette langue, mettez sur pause le temps d’aller chercher un dictionnaire et hop !)
FB
Jan Egerland
Stonehenge
What does the fox say ?
Work it
The cabin
(1) Les astérisques c’est tellement classe ! Comme dans les mémoires du XVIIIe siècle, quand on voulait laisser planer l’anonymat… Donc merci Françoise ! Mais non je l’ai pas dit !
Hélas ! Derrière toute réussite éclatante de grandes souffrances s’expriment dans l’ombre… Comment ne pas être sensible à la frustration du plus jeune frère de ce duo soooooo talented? Les plus sensibles devraient peut-être passer leur chemin. Séquence émotion ! https://www.youtube.com/watch?v=7vRzJ87ZQzI