Pékin – Quelques nouvelles de la pandémie (2022)

Je voudrais partager avec vous l’actualité -très changeante- de la situation en Chine. Après être sortis (?) d’une période bien difficile, vous avez tous suivi le confinement très dur de Shanghai, qui a été bien relayé en France, et un presque confinement qui ne voulait pas dire son nom à Pékin, où, durant six semaines, nous avons connu bien des restrictions, plus de bars, de restaurants, de lieux publics (à l’exception des centres commerciaux, qui restaient ouverts, magie des contradictions ici, mais désertés, tellement on faisait peur aux gens), voire plus de petits commerces, qui ont fermé plusieurs semaines dans certains districts de la capitale. Dans les « service apartments », les piscines, gymnases et services de blanchisserie ont fermé, ne me demandez pas pourquoi, et ils n’ont toujours pas réouverts là où j’habite. Tout cela pour quelques milliers de cas, dans une ville de 21 millions d’habitants. Et partout en Chine, nous entendions parler de villes décrétant le confinement pour quelques centaines de cas, mais cela continue (pas plus tard que ce week-end, en fait, dans la province de l’Anhui).

Mais nous espérons depuis aujourd’hui, car, enfin, le gouvernement a décidé de mettre en place un pass vaccinal. Ici tout est brutal et soudain, à partir du 11 juillet, soit la semaine prochaine, quiconque n’aura pas ses trois injections de vaccin ne pourra pénétrer dans aucun lieu public de type cinéma, musée, bibliothèque, galeries d’art, etc. ainsi que dans les lieux destinés aux personnes âgées. Car ici, le taux de vaccination est resté très bas surtout chez les seniors, qui ont connu des scandales sanitaires lié au vaccin et les refusent depuis (l’estimation du taux de vaccination chez les plus de 65 ans est de 50%). L’incitation semble les viser en premier, ce qui est une bonne chose pour nous.

Comme d’habitude ici, nous ne connaissons pas encore les détails de cette décision. Par exemple, les vaccins non chinois seront-ils reconnus ? Sinon, cela pourrait grandement pénaliser les expatriés qui sont arrivés l’année dernière et qui se sont fait vacciner dans leurs pays. Nous restons en veille.

En attendant le relâchement des contraintes, que nous espérons tellement, je voudrais vous faire partager l’atmosphère guerrière dans laquelle j’évolue (mais même notre Président a dit à propos de la pandémie, en 2020 « Nous sommes en guerre », je pense qu’il a été entendu ici…).

Je vis à 东城, Dongcheng (littéralement : la ville de l’Est), un district très sensible car il abrite la célèbre place Tian’an’men près de laquelle sont situés les quartiers du gouvernement. Un seul cas repéré prend des allures d’apocalypse Se sont organisées des presque milices de quartier qui veillent à la sécurité sanitaire du lieu et sont en sur-réaction permanente ; un à deux cas dans un ensemble de presque un million de personnes, et nous sommes au bord de la loi martiale,

Tout cela a conduit à l’installation de « check-points » à l’entrée des hutong, ces allées d’habitation si typiques de la capitale, qui perdurent malgré l’absence de cas depuis quelques semaines. Je voudrais ici vous faire partager ce que j’ai vu dans les alentours.

Le chef du point de tests PCR, reconnaissable à son brassard rouge
Celui qui garde la queue du test PCR, il n’a droit qu’à la tenue bleue, le pauvre
Ceux qui gardent l’accès à un hutong et ont revêtu la tenue bleue des stands de test PCR, on ne sait jamais…

Voilà une vraie installation représentative, un peu bricolée : l’étagère où les livreurs peuvent déposer leurs colis, à l’extérieur du hutong puisqu’ils ne peuvent plus y entrer (comme il fait en ce moment à peu près 35°C, vous avez intérêt à être rapides pour les collecter), le parasol pour se protéger du soleil, le panneau pour scanner le pass sanitaire et voir si votre test PCR a moins de 72 heures, la table et la chaise pour supporter ce travailleur du covid19 qui met sa vie en danger pour chaque visiteur. Vous noterez également le brassard rouge, nous l’avons déjà vu et nous le retrouverons dans les photos suivantes, il nous rappelle quelques heures sombres de la Chine.

Ambiance décontractée
Même les magasins alentours participent à la vigilance ; autour d’un drapeau rouge
Patience de l’attente du visiteur, mais on l’attend de pied ferme
Caissière dans le supermarché proche de chez moi

Je regarde toute cette démonstration d’alerte sanitaire avec quelques doutes, mais aussi avec circonspection. Sachez que ces travailleurs exposés à ce qui est ici un vrai séisme sanitaire sont très bien payés, soit en argent, soit en reconnaissance, ils peuvent gagner des points pour leur note sociale voire se faire engager dans l’administration, le graal ici. C’est toute une économie souterraine du Covid-19 qui s’est mise en place dans le pays, les entreprises qui produisent les tests PCR, ceux qui les administrent, ceux qui gardent les quartiers, tous tirent leur épingle du jeu.

Je voulais juste vous faire partager mon actualité, que j’arrive pour le moment assez bien à contourner.

FB