Pékin – Exposition sur le Parti Communiste Chinois (2022)

Lors de ma dernière incursion au Musée national de Chine, je me suis aventurée dans une exposition dédiée aux membres du Parti Communiste Chinois. Un parcours peu aisé car la majorité des cartons étaient uniquement en chinois, mais certains avaient été traduits (ne me demandez pas quelle était la ligne de partage entre les deux, je serai bien en peine de vous le dire, ici je me heurte quand même souvent à des mystères).

En incipit, cette étonnante porcelaine de 2021, au titre évocateur « Un chant pour le Parti communiste chinois ». Soit une femme très engagée, s’apprêtant à célébrer par sa voix l’organe suprême du pays. Notons la récupération du passé, le costume traditionnel chinois (il me semble qu’elle arbore des perles, nous sommes proches de la dissidence…) et également le céladon, fleuron de la Chine ancienne. Un melting-pot intéressant.

L’exposition s’ouvre ensuite sur les grands combats menés par le Parti, « Standing together to triumph over uphill battles », c’est assez clair je pense. La lutte contre la pauvreté, illustrée par une vidéo où nous voyions des paysans riant toutes dents dehors (enfin celles qui leur restent) en brassant des fruits, des céréales et des légumes.

Et bien sûr, la lutte contre la pandémie Covid19 a la part belle. J’ai déjà sur ce blog écrit maints articles sur le sujet, j’étais déjà persuadée que la question n’était pas tant sanitaire que politique, ce que j’ai vu là m’a confirmé dans mon intuition.

La première oeuvre nous montre tous ces volontaires de l’extrême, embarquant dans un avion pour Wuhan, épicentre de la pandémie, en mars 2020. Cette laque aux dimensions respectables (160×80 cm) rend hommage aux 30 000 personnes qui, sous l’égide du Parti (ceci est bien souligné) sont partis à Wuhan. Nous saisissons le caractère dramatique de ces presque kamikazes, qui ne vont peut-être plus revoir leurs proches.

逆行者 , je traduirais faute de mieux « Les guerriers »(2020)

Et puis la figure de ce héros, déjà croisé lors d’une exposition au Musée des beaux arts sur la pandémie (chroniquée sur mon site), Zhong Nanshang, né en 1936, médecin membre du Parti, qui a dirigé l’action musclée pour contenir la pandémie à Wuhan. Sur fond de presque apocalypse, il pleure mais reste debout.

Voici maintenant le drapeau signé par toute l’équipe de l’équipe médicale nationale de Li Lanjuan, venue à Wuhan pour traiter « la grave épidémie dans le Hunan », comme nous indique le carton.

Et cette sculpture, inattendue, qui fige dans la terre cuite une silhouette telle que nous en croisons tous les jours, ces employés dans les centres de tests PCR, dans les hôpitaux et les centres de quarantaine. Elle est immortalisée dans sa fière posture d’acceptation du devoir.

Wu Lishan : mission (2020)

Pour continuer dans la mise en image et en relief du combat glorieux et plein de risques entrepris par les équipes médicales qui ont volé au secours de Wuhan, voici une oeuvre en papier découpé en hommage aux volontaires (?) du Guangdong.

Et pour mieux illustrer la puissance de l’engagement du peuple chinois dans la lutte contre cette pandémie mondiale, nous avons ici une bannière de la compagnie aérienne China Eastern qui a convoyé des experts médicaux en Italie pour aider les autorités locales dans leur combat. Suivie d’une lettre manuscrite d’une infirmière sur place à Wuhan, qui témoigne de son combat quotidien au risque de sa vie, une héroïne méconnue, à qui il est rendu ici un hommage mérité.

Zhang Wei (2020)

Et pour continuer avec ces néo-reliques, la bouteille qui a contenu la dose de vaccin injectée par un certain Chen Wei en 2020 (où nous apprenons qu’il y aurait eu un vaccin dès 2020, décidément ce pays ne cesse de me surprendre).

Mon coup de coeur : les cartes d’embarquement de la première équipe médicale sur place à Wuhan, qui repartent chez eux le devoir accompli.

D’autres catastrophes sont également citées, dans un mode mineur, pour montrer que le Parti veille à la sécurité de tout le monde. Par exemple, cette bannière montrant la reconnaissance des ouvriers de Tangshan, après le terrible tremblement de terre qui a fait plus de 250 000 victimes en 1976 ; heureusement le Parti était là.

« Long live our motherland », bannière arborée par les ouvriers d’une usine d’acier de Tangshan lors du 10e anniversaire du tremblement de terre (1986)

Dans la suite du parcours, nous allons comprendre que le Parti est à la tête de toutes les grandes inventions et qu’il a produit des héros ordinaires ou extraordinaires.

Je vous cite ici un des cartons.

« Accomplir le rêve chinois d’un grand rajeunissement national est devenu le thème central du patriotisme chinois moderne. De nombreux membres du CPC manifestent leur dévotion à leur pays et à leur peuple avec des actions concrètes qui rencontrent les attentes du peuple. En intégrant leurs rêves pour leur famille aux rêves pour leur nation. Les membres du Parti trouvent leur pouvoir dans leur sagesse et leur passion pour accomplir le rêve chinois d’un grand rajeunissement national »

Une médaille pour un membre du Parti, évident, non ?

Viennent ensuite des biographies en forme d’apologies, de membres du Parti modestes, qui ont oeuvré pour la gloire de tous. Le premier, Zhu Yanfu, a été un homme politique après avoir été un soldat méritant.

Avec toujours un objet relique lui ayant appartenu, ici un stylo très basique. Sans vouloir être iconoclaste, j’ai été un peu surprise de ce choix, vu que ce vétéran n’a plus de mains. Mais nous pouvons penser que les membres du Parti sont au-dessus de tout cela, un peu comme des dieux de l’Olympe en Grèce antique.

Le deuxième que je voudrais citer est un postier, Wang Shunyou, membre du Parti bien sûr (si vous suivez, vous aurez compris que l’exposition est mono-thématique). Avec là aussi, des objets reliques, sa selle et ses chaussures (j’ai furieusement pensé à « La vie de Brian », Monty Python, 1979, je met l’extrait ci-dessous et je pense que le parallèle est assez vrai).

S’ensuivent des biographies plus anciennes de membres du Parti, malheureusement la majorité des cartons étaient en chinois et je ne maîtrise pas assez la langue pour goûter au mieux ces hagiographies. J’ai quand même capté quelques images glorifiantes (j’invente le mot, car il me semble approprié).

Les membres du Parti sont encore mis en lumière au fil des cartons qui nous mènent au travers d’histoires individuelles faites d’amour, de fidélité et de confiance.

« Comme tout le monde, les membres du PCC sont aussi (sic) des êtres humains de chair et de sang, chacun avec sa personnalité individuelle, ses sentiments et ses expériences. Ils ressentent de l’amour et de l’affection pour leurs conjoints et leurs familles, et ont lié de vraies amitiés avec leurs camarades révolutionnaires. Armés de leurs fortes résolutions et de leur fibre morale, ils ont profondément influencé et captivé leurs contemporains et les ont amené à se rassembler pour former une force d’avant-garde à notre époque. »

La mort héroïque de LIn Xiangqian (1951), héros inconnu de moi
Un grand voyage ensoleillé (1975)

Une exposition hors-norme, qui bien sûr ne m’a pas laissée indifférente, car c’est à l’opposé de nos conceptions européennes. Tous ces objets tellement récents qui deviennent des objets de musée, avec, comme je l’ai déjà signalé une propension à en faire des reliques modernes. Et également la mise en scène d’un parti politique à un tel niveau, inédit pour nous. Un voyage différent et plein d’enseignements.

FB

Un petit rappel pour la fin