A Caro

En ce moment, dans la capitale chinoise, c’est la saison des fleurs, il faut faire un planning précis des temps et des lieux, pour ne pas manquer les différentes floraisons. D’abord les cerisiers, puis les poiriers, les abricotiers, les pêchers et les magnolias, ensuite les pivoines et les tulipes qui cèderont enfin la place aux roses. Sans oublier la lavande et les lotus qui viendront plus tard. Tout un calendrier floral qui amènent les amateurs à zigzaguer dans la ville, d’un parc à l’autre (certains très loin, nous sommes dans une ville vraiment étendue).

Cet après-midi, pollution modérée, j’ai enfourché mon vélo pour aller au Parc Zhongshan. Enclavé entre une résidence gouvernementale à l’ouest, la Cité interdite au nord et l’avenue Chang’an au sud, c’est un parc de 24 hectares, qui a remplacé le Temple de la prospérité nationale fondé sous la dynastie Liao (907-1125), lui-même devenu le Temple de la longévité et de la prospérité nationale sous la dynastie Yuan (1271-1368). C’était ici que les Empereurs célébraient les divinités de la terre et du grain. En 1914, c’est devenu un parc public, où ont continué à se tenir les célébrations des 1er mai et 1er octobre, en présence des officiels chinois. A noter que le nom actuel du parc, qui date de 1928, vient de Sun Yat-Sen, dont le cercueil a été présenté ici au public avant les funérailles (Zhongshan est le nom de sa ville d’origine).

Dès l’entrée, j’ai vu qu’il y avait foule (d’autochtones), tous ayant convergé vers ce jardin pour admirer les tulipes et les pivoines, si évanescentes qu’il ne faut pas les manquer.

Et j’ai été saisie tout de suite par ces somptueux parterres de tulipes, agencées en différentes couleurs, le long des arbres.

J’ai fait ici une promenade au milieu des gens du cru, c’était un vrai rassemblement pour célébrer ce beau printemps et les fleurs qui l’accompagnent. Et j’ai vu combien se prendre en photo devant les fleurs était important pour les Chinois, du selfie avec téléphone portable jusqu’au matériel presque professionnel, tout était bon pour avoir un cliché de soi-même devant ces tulipes, pivoines et autres. Pour pouvoir les poster sur WeChat (微信), leur WhatsApp.

Au milieu de bien des gens habillés sans apprêt, nous voyons des personnes (des femmes surtout), qui ont revêtu des habits élégants, pour honorer ce printemps qui vient enfin – ou pour faire de plus belles photos, deux interprétations possibles.

Poursuivant mon périple, je croise l’explosion de couleurs des tulipes. La beauté des mélanges me laisse sans voix. Je vois ici comme un cycle de nature en train d’advenir, certaines fleurs au zénith, d’autres en décroissance et d’autres encore en cours d’éclosion. Le hiatus est superbe.

Je vous livre ici quelques photos supplémentaires de personnes en train de se photographier (ou de se faire photographier) devant les fleurs (mise en abyme ?).

Il faut quand même que je vous emmène voir les pivoines, qui sont magnifiques et presque sur le déclin, ces fleurs fugitives qui ne nous attendent pas. Je les ai trouvé merveilleuses dans leur début de décadence. Elles lançaient vers nous toutes leurs couleurs, rose, violet, et blanc, comme autant de traits de beauté.

Il faut aussi me détacher des fleurs elles-mêmes pour vous montrer les alentours dans lesquels s’inscrit ce jardin. Des bâtiments semblables à ceux de la Cité Interdite cernent l’endroit.

Et puis une mention spéciale à cet arbre millénaire qui est fait de deux arbres entremêlés qui ont grandi ensemble et ne se sont pas quitté. Une bien belle allégorie.

Une magnifique promenade.

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