Avec les zoos (voir mon article précédent) et les jardins botaniques, une de mes marottes quand je visite une ville est de voir les tours de télévision. Ces objets verticaux, tous similaires dans chaque partie du monde, permettent d’avoir une vue irremplaçable sur vos alentours. J’ai vu celle de Berlin, celle de Kuala Lumpur également et plus récemment celle de Tianjin en Chine. J’ai l’impression de prendre de la hauteur, de dominer ce qui m’entoure, je vois les villes s’étendre à mes pieds, comme de minuscules lego façonnés par la main de l’homme, presque ridicules dans leur petitesse et à la fois grands comme la conquête d’un territoire.
Ces tours sont des édifices un peu « luna park », je veux dire totalement dédiés au tourisme, avec en général un restaurant tournant, qui permet de voir le paysage bouger autour de soi tout en dégustant un verre ou un repas et bien sûr des boutiques souvenir où vous pouvez acquérir maints objets estampillés à l’image de la tour. Il est d’ailleurs très intéressant de voir comment elles développent toutes exactement le même type de services au public (et j’incluerais dans le lot la Tour Eiffel, qui est comme une vieille petite soeur dans la famille). Je ne sais même plus si elles ont encore une utilité technique pour la télé-diffusion.
Aujourd’hui, 25 décembre, le temps était clair et (très) froid, 11° C en dessous de zéro, avec un vent glacial mais de bonne augure, car le vent ici balaye la pollution et nous rend ce ciel bleu immuable, sans nuage qui est l’apanage de la capitale chinoise.
J’ai donc fait un périple en bus, une heure aller et le même temps au retour (mais j’ai croisé dans mon trajet la Cité interdite, le lac de Beihai, bref bien des endroits magnifiques, bien de quoi patienter ; j’ai comme d’habitude été l’attraction des voyageurs, il y a bien peu d’étrangers actuellement à Pékin et en plus ce n’est pas vraiment leur quartier).
La voilà ! Nimbée de ce soleil qui amorce son déclin, ornée de tous ces arbres assoupis par l’hiver, elle est grandiose. Dans tout ce bleu, elle ressemble à une dame de la « Haute », un peu collet monté (c’est sûrement cette collerette de béton qui lui donne cette apparence).

Après une montée en ascenseur menée par une gardienne en doudoune rouge qui égrène les différentes hauteurs de la tour (je capte au hasard des chiffres avec le mot 米, qui veut dire « riz », mais là cela n’aurait aucun intérêt, heureusement il y a un deuxième sens « mètre », mystère de la langue chinoise…), je parviens sur la plate-forme la plus haute à 238 mètres de haut (二百三十八米), à ciel ouvert. Inutile de vous dire que le froid ressenti dans la rue est ici multiplié par dix, mes doigts gelés ont peine à prendre des photos. Mais je m’obstine.
Car dans ce moment où le soleil décline dans sa lumière dorée, je prends conscience vraiment de l’immensité de cette ville où j’habite, et également de sa cartographie. Nous la voyons cernée par les montagnes à l’ouest et au nord, ces pics qui étendent leurs masses noires à l’horizon, découpés comme des origamis noirs contre le bleu du ciel.
Tandis qu’à l’est, toujours avec cette urbanité à perte de vue, plus d’obstacle à l’horizon, l’oeil se perd jusqu’à l’infini. J’ai reconnu presque à mes pieds le parc Yuyantuan où j’étais allée cet printemps voir les cerisiers en fleurs (voir article sur mon blog). Il est totalement gelé maintenant.
Dans la partie dévolue aux touristes, il y a comme une hésitation entre l’ailleurs et ici. Nous voyons par exemple une « copie » de Los Angeles, quand des stars chinoises ont apposé leur main sur des étoiles pour en garder la trace, un nationalisme culturel à l’oeuvre. Et en même temps, sur la plate-forme, différentes horloges donnent l’heure de Copenhague, de Paris ou de New-York. Tout un monde qui essaye de s’inventer dans ses contradictions et ses élans.
Je refais le voyage à l’envers, croisant dans mon périple ce vaste et imposant hall d’entrée, très chinois.
Une belle visite, pleine d’enseignements.
FB
Toujours passionnant, merci. J’aime bien c’est l’idée de l’accompagnatrice dans l’ascenseur.
J’ai eu souvent des émotions dans l’une ou l’autre des 4 tours de la Bibliothèque nationale de France, contente quand quelqu’un s’invitait à un étage.
Je suis en ce moment en bord de Manche, respirant l’air salubre. Peu de monde, m’a-t-on dit, à arrivée des trains TGV, mais beaucoup de voitures. Plus personne venant d’Angleterre. Temps gris et doux, après un passage glacial et on nous dit que la tempête arrive à 100 km … j’espère que ce n’est pas la réédition de celle du 26 décembre 1999, terrifiante, et non annoncée.
Il faut que j’aille vérifier si le camélia rose précoce de Rothéneuf a fleuri, c’est son heure.
C’est la presse locale qu’il convient de lire pour avoir une idée vraie de ce qui se passe : beaucoup de crèches dedans et dehors, de chants de Noël, de messes, plusieurs, diffusées à la TV, d’arbres bien verts illuminés, et de gestes de gentillesse, on appelle cela solidarité.
Menu de Noël à la maison cuisiné par un bon, vraiment bon restaurant qui ajoute la chaleur humaine et les petites surprises aux bonnes choses selon la tradition, que nous sommes allés chercher. Et cela, c’est nouveau.
Merci pour vos reportages !
Bonne fin d’année
Amicalement
À couper le souffle ces photos . Merci pour l’idéogramme qui veut dire riz et mètre !!!
Plus vivifiant qu’une sortie au zoo. Et plus impressionnant aussi. La ville devient un océan urbain et cette tour son phare.
Encore une belle découverte chinoise.