Continuons notre visite de la ville de Chengde pour aborder la deuxième attraction du lieu, les « Huit temples extérieurs », bâtis au XVIIIe siècle par Qianlong, le petit-fils de l’Empereur Kangxi, celui qui avait décidé d’installer ici sa résidence d’été. Ce sont des constructions inspirées dans leur style par ceux de plusieurs régions de Chine, majoritairement Tibet et Mongolie.
Certains sont fermés à la visite, et pour des raisons logistiques, nous nous sommes centrés sur deux d’entre eux que je vais vous présenter ci-après.
Comme la veille, la promenade était un enchantement, ciel d’un bleu cobalt inégalé, légère brise qui nous abritait de la chaleur (même si nous sentions dès le matin ses pointes acérées nous mettre en sueur).
Je retiens que la période avril/mai est particulièrement propice pour aller voir des lieux touristiques. Car il faut en Chine prendre en compte deux paramètres.
D’une part, il faut éviter les vacances chinoises, le Nouvel an chinois (début février), la fête du nettoyage des tombes, Qingming (清明) équivalent à notre Jour des morts (début avril), la fête du travail (début mai), la fête des bateaux dragon, qui marque l’entrée dans l’été (mi-juin), le festival de la mi-automne (mi-septembre) et la fête nationale (début octobre). Ce sont des jours fériés nationaux pendant lesquels (presque) personne ne travaille, les restaurants, commerces et services ferment pour la plupart, les habitant migrent à travers tout le pays, pour rejoindre leur famille ou pour voyager. Vous pouvez vous retrouver avec des foules complètement inédites, 3 à 5 heures de queue pour prendre un téléphérique ou voir une attraction… Que les gens d’ici font avec discipline et bonne humeur.
En second lieu, il faut compter avec la météo, ici, le temps peut être rude, en hiver comme en été. Dans le nord de la Chine, les températures peuvent dégringoler jusqu’à -20°C voire plus et monter en été à plus de 35°C pendant des jours. Dans le sud, l’hiver (notre hiver) est doux mais humide et l’été, qui commence début mai apporte des ressentis de 40/45°C avec 80% d’humidité au moins. Nous sommes loin des températures « douces » de nos latitudes…
Le week-end que nous avons passé à Chengde était en équilibre idéal, juste après la fête du travail et juste avant les fortes chaleurs de l’été. La chance !
Pour en revenir à notre visite, le premier temple que nous avons vu est le Temple Xumi Fushou, reproduction d’un temple tibétain, érigé en l’honneur du Panchen Lama en 1780, pour loger ce dernier, à l’occasion de sa visite à l’Empereur de Chine l’année suivante pour célébrer son anniversaire. Nous mesurons là les changements géopolitiques à l’oeuvre quand nous regardons la situation actuelle entre le Tibet et la Chine…
L’entrée est tout à fait comparable aux temples chinois (Han) ; les bâtiments semblent s’épanouir, plaqués sur le bleu mat et presque dense du ciel.

Le premier portique nous fait également penser à des bâtiments déjà arpentés, le Temple de Confucius à Pékin, pour ne citer qu’un exemple…

C’est sans compter avec des éléphants inédits, qui nous emmènent ailleurs… Ainsi que ce bâtiment rouge brique, typique du Tibet.



Nous avons comme franchi une frontière culturelle en quelques mètres pour nous retrouver sur le toit du monde, dans un monastère tibétain comme égaré ici. Préciosité des plafonds cloisonnés bleu azur et innombrables niches abritant autant de figurine de Bouddha, qui entourent les statues immuables habillées de brocart jaune.

Le hall central déploie ses étages de bois peint, ourlés de tentures. C’est une atmosphère recueillie et presque surannée qui nous accueille, tranchant sur la franche lumière du jour.

Comme habituellement dans ces temples, plusieurs édifices se succèdent, entourés de cours. Ici la particularité était la construction en bois, comme dans la résidence d’été des empereurs.

Les toits du bâtiment principal ornés de dragons dorés se découpaient sur le bleu du ciel avec la montagne à l’horizon.

Et nous voilà arrivés au bâtiment le plus haut, le Temple de la longévité, destiné à promettre et souhaiter une longue vie à l’Empereur. Orné de tuiles vernissées jaunes et vertes, il abrite de superbes statues de bouddhas en ronde-bosse.



Des carrés de tissu votifs colorés s’accrochent à la balustrade de pierre et à la forêt alentour. Cette promenade au coeur de ce lieu paisible, sans personne (à l’aune de la Chine), avec ce temps idéal nous a enchantés.

Le deuxième temple auquel nous avons rendu visite est le Temple Putuo Zhongcheng, le plus célèbre du lieu, car il intègre une réplique (à plus petite échelle) du Palais du Potala à Lhassa. Il a également été construit pour héberger les délégations tibétaines venues assister au 60e anniversaire de l’Empereur Qianlong.
Là encore, la même distribution que dans le temple précédent, en première façade des édifices de type Han, qui laissent ensuite la place à des constructions tibétaines. Nous pourrions faire un jeu des sept erreurs en comparant ces premiers édifices avec ceux du Temple Xumi Fushou, le parallèle entre les deux constructions est étonnant…


C’est un ensemble bien plus aéré que le précédent, des arbres, des chemins qui serpentent et vous amènent d’un bâtiment à l’autre. Le style a drastiquement changé, constructions austères aux fenêtres typiques du Tibet, stupas en forme de bulbes colorées sur les toits


Et puis surgit ce bâtiment si imposant qu’il nous oblige à lever les yeux sur lui. Il nous dit quelque chose de la rudesse du pays dont il est issu, mais aussi du respect dans lequel est tenue la divinité.



Après bien des volées de marches, l’accès à la plate-forme principale nous ouvre sur des paysages grandioses, à peine dénaturés çà et là par quelques édifices modernes et lignes électriques (mais pour la Chine, c’est un vrai exploit).





Un week-end de paix et de beauté ; je reviendrai, c’est certain.
FB
Impressionnant .un grand merci pour les photos superbes et la très belle histoire de ces temples .
Le pic du marteau a fini de de frapper de stupeur !
Deux superbes lieux, très différents l’un de l’autre, l’un si richement orné et l’autre d’une grave austérité.
Splendide.