Cinémas – Julien RAPPENEAU : Rosalie Blum (2016)

Que voilà un film malin et ingénieux ! Réalisé par Julien Rappeneau, qui après avoir scénarisés nombre de films, se lance dans la réalisation et nous livre cette petite comédie sans prétention mais bien réussie. De son père, le cinéaste Jean-Paul Rappeneau, il a emprunté la légèreté et la gaieté (1) qui irradient le film de bout en bout.

C’est une histoire qui a l’air simple sur le papier, mais qui ne l’est finalement pas tant que cela. Vincent Machot, la trentaine, est coiffeur dans une ville de province, il vit seul avec son chat dans un appartement au-dessous de celui occupé par sa tyrannique mère (formidable Anémone). Sa route croise un jour celle de Rosalie Blum, une femme d’une cinquantaine d’années, qu’il a l’impression de reconnaître. Intrigué, il va la prendre en filature pour comprendre qui elle est. Il rencontrera également Aude, une jeune femme un peu bohème et révoltée contre sa famille. C’est autour de ce trio que s’architecture le récit, avec une finesse qui le fait basculer dans autre chose ; là où nous nous attendions à un film simplement fantaisiste et léger, nous découvrons des profondeurs insoupçonnées au départ.

Parlons d’abord de l’histoire, a priori sans sophistication. Et pourtant ! Les interactions entre les protagonistes vont s’avérer bien plus complexes que ce que nous pensions, jusqu’à la scène finale, qui va nous dévoiler le pourquoi du comment. Rien n’est convenu dans ce qui se passe entre eux (même si les personnages, eux, sont assez lisses), le cinéaste tisse des liens ténus qui finissent par les relier tous jusqu’à créer des coïncidences qui sont loin d’en être. Et nous restons intrigués jusqu’au bout. Dans ces circonvolutions qui vont d’un personnage à l’autre et retour, en prenant des chemins de traverse, parfois, chacun d’entre eux va apprendre à mieux se connaître et sortir de son isolement.

Il est intéressant de noter que Julien Rappeneau a adapté ici un roman graphique de Camille Jourdy, créant des images sur des images, certes, mais aussi bénéficiant de l’aspect déjà très cinématographique du genre dans l’écriture. Et nous comprenons mieux le côté un peu « plat » des personnages, auxquels il est difficile de donner de la profondeur dans ces opus qui mêlent récit et images.

Et pourtant, un coup de chapeau aux comédiens, Noémie Lvovsky, Alice Isaaz, Sara Giraudeau et surtout Anémone, fabuleuse (je sais que je l’ai déjà dit plus haut 😉 ). Ils ont un vrai abattage, communicatifs dans leur fantaisie et leur envie de faire exister cette petite oeuvre réjouissante.

A voir comme une bulle de printemps.

FB

(1) Vous connaissez forcément Jean-Paul Rappeneau ; il n’a réalisé que huit long-métrages, mais lesquels ! « Le sauvage » avec Catherine Deneuve et Yves Montand (1975), « Les mariés de l’An II » avec Marlène Jobert et Jean-Paul Belmondo (1971), « Tout feu, tout flamme » avec Yves Montand et Isabelle Adjani (1982), « Cyrano de Bergerac » avec Vincent Perez, Gérard Depardieu et Anne Brochet, pour n’en citer que quelques-uns.