Cinémas – Philippe LACHEAU et Nicolas BENAMOU : Babysitting (2014)

Vous avez envie de le voir ce film, vous ?

Vous avez envie de le voir ce film, vous ?

Film dont on pouvait craindre le pire (en voyant l’affiche, notamment) et qui se révèle être une assez bonne surprise, dans la catégorie comédies potaches résolument ancrées dans notre monde actuel.

Remy travaille à l’accueil de la Maison d’édition de Marc Schaudel (Gérard Jugnot, très bien en riche égoïste content de lui). Le soir de son trentième anniversaire, alors que ses amis préparent une fête de la mort qui tue, son patron, à qui il espère bien montrer ses dessins, le réquisitionne pour garder son fils Franck pendant qu’il se rend à une cérémonie avec sa femme Claire (Clotilde Courau, excellente en femme objet pleine de douceur, qui se révolte peu à peu). Le matin suivant, réveillés par la police, Marc et Claire retrouvent leur maison dévastée, leur fils disparu et vont regarder avec les policiers une vidéo qui relate les faits.

Si Remy avait renoncé, bien malgré lui, à sa fête d’anniversaire, elle va, bien malgré lui aussi, le rattraper. En proie à un pré-ado fermé et agressif, il doit également faire face à une invasion de fêtards menée par ses amis proches, qui prennent possession des lieux et les détruisent méthodiquement. Nous assistons à un jeu de massacre débridé et réjouissant, dont le but semble être de ne rien laisser au hasard : le perroquet, les vins millésimés, la belle voiture du maître de maison, le voisin, même, rien n’en sort indemne.

Il n'en revient pas, et il y a de quoi !

Il n’en revient pas, et il y a de quoi !

Fiesta !

Fiesta (mais pas pour tous) !

C’est un film méchant, qui s’acharne sur le pauvre Remy, gentil garçon propre sur lui, débordé par ses « amis » pas si bienveillants que cela. Nous sommes dans le registre de la blague d’ados attardés dont le sport favori consiste à s’amuser à tout prix quitte à envoyer des vannes vraiment pas sympas à leurs meilleurs potes pour en faire des objets de dérision. Couplé à une fête monstre qui dégénère en un grand n’importe quoi, cela a quelque chose d’explosif, réjouissant et grinçant à la fois.

Bien sûr nous échappons de peu à la caricature, ce couple bourgeois et leur habitat de luxe, ces fêtards invétérés et ces policiers plus vrais que nature (mention à Philippe Duquesne ex-Deschiens, irrésistible en inspecteur qui tire toute preuve vers sa version la plus noire, type serial killer). Car le film prend dans une sorte d’alchimie improbable et parvient à se hisser d’un téléfilm piteux qu’il aurait pu être vers un objet drôle et rythmé, qui ne renonce à rien pour nous faire rire, même à la plus grande vulgarité.

Il est également inscrit dans l’époque, mêlant technologies (textos, téléphones portables), parler « djeun », jeux vidéo (1) qui se confondent pour nous donner, je trouve une image assez intéressante d’une certaine jeunesse.

Au pilotage de ce film, un animateur de Fun TV, Philippe Lacheau, qui joue ici également le premier rôle. Il est le pivot du film, mais également la personnalité transitionnelle entre les deux mondes du film, celui feutré et policé des Schaudel et celui de cette post-adolescence débridée ; « belle gueule » de type gendre idéal, mais un peu veule, sans aucune autorité sur ses amis, piètre dragueur, que nous suivons avec un certain amusement apitoyé au travers de ses aventures. Car le monde qui l’entoure n’est pas tendre avec lui, le transformant en victime plus qu’à son tour ; et nous pouvons d’ailleurs nous demander si l’intérêt principal du film n’est pas ici, nous restituer une vision (peu reluisante) de nos modes de relations actuels. Mais ne creusons pas plus loin, c’est d’abord une comédie !

Film sympathique, à voir.

FB

(1) Ah l’épisode parodique de Mario Kart…