Certains d’entre nous ont en tête le précédent opus de Disney, sorti en 1998, un dessin animé, certes un peu fruste par moments, mais qui mettait pour la première fois en scène une fille volontaire, prête à se battre (cela nous changeait des Belle au bois dormant, Blanche-Neige et Cendrillon, même si nous les aimions bien quand même).
J’avais beaucoup apprécié ce dessin animé basé sur l’histoire vraie d’une héroïne très célèbre en Chine, à l’instar de Jeanne D’Arc en France, une jeune fille presque femme qui prend son destin en main et fait son devoir pour rendre hommage à sa famille et à l’Empereur, plaçant leur bien-être au-dessus du sien, en toute humilité. Elle est devenue une égérie qui doit bien prendre sa place je pense dans le nationalisme ambiant (bon en fait elle n’était pas complètement chinoise, il paraît (1) 🙂 .
Et donc j’étais très contente de voir une nouvelle version de ce beau récit. De nouveau produite par les studios Disney, mais cette fois-ci un film d’acteurs (avec une controverse sur l’actrice principale sur laquelle je passerai).

Quelle déception ! Ce film est l’exacte illustration du dicton « Le mieux est l’ennemi du bien ». A en faire des tonnes, tout finit par s’affadir, un vrai paradoxe. A force de chercher la belle image (est-ce que les chevaux des barbares qui s’élancent à l’assaut d’une forteresse ont à galoper en forme de triangle parfait ? Je m’interroge), le rythme s’émousse, perd de son élan, enseveli sous l’argent des armures, les couleurs rutilantes des tenues, les robes brillantes des chevaux et les chorégraphies incessantes qui donnent le tournis. Evidemment, les acteurs ne parviennent pas à exister et naufragent dans cette overdose constante d’esthétique.
« La grande muraille », film de Zhang Yimou sorti en 2016, portait déjà en lui un peu de cette lourdeur, bien loin de la presque sécheresse, en comparaison, du « Secret des poignards volants » du même réalisateur (2004). Cette tendance à la surinflation a sûrement inspiré cette réalisatrice néo-zélandaise, comme des images d’Epinal venues du Pays du Milieu ; elle donne l’impression d’avoir voulu copier en en faisant plus.
C’est extraordinaire de voir à quel point la forme peut désincarner une histoire, c’est finalement une prouesse cinématographique étonnante, qui montre comment l’on peut engloutir 200 millions de dollars (le même budget que « Titanic« ) dans un néant, euh non, dans un trop plein.
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(1) https://www.franceculture.fr/cinema/la-veritable-histoire-de-mulan
Bon d’accord ce sont deux mauvaises expériences, mais c’est bien aussi de développer son sens critique 😂 On passe aux suivantes … 😘
Pas vraiment intéressé car ce n’est pas le premier son cloche hostile au film que j’entends ou bien lis. Pas de Mulan pour moi, sauf à écouter sa véritable histoire à la radio. Merci pour ce lien. 😀