Maurice, propriétaire d’une villa dans les calanques près de Marseille, fait une attaque qui le laisse grabataire. Cela va être l’occasion des retrouvailles entre ses deux fils, Armand (Gérard Meylan) qui est resté auprès de son père, Joseph (Gérard Darroussin) qui arrive avec sa jeune fiancée, Bérengère (Anaïs Demoustier), et surtout Angèle (Ariane Ascaride), actrice, qui n’est pas revenue au pays depuis vingt ans. Toute cette fratrie se rassemble autour du père, avec en périphérie Martin et Suzanne, amis de Maurice qui vivent dans la maison d’en face, et leur fils Yvan, ainsi que Benjamin, jeune homme qui habite à côté. Et voilà le huis-clos installé, moins de dix personnages qui vont nous faire vivre une aventure humaine ontologique.
Comme d’habitude chez Robert Guédiguian, c’est d’abord un film d’amis. Gérard Darroussin, Gérard Meylan, Ariane Ascaride (son épouse), ont maintenant la soixantaine sereine, ils portent dans leur coeur (et à l’écran) cette amitié qui les lie depuis leurs jeunes années et nous voyons même un insert d’une scène filmée à titre privé lorsqu’ils étaient (beaucoup) plus jeunes. Perméabilité de la vraie vie et du cinéma comme jamais montrée auparavant, qui donne d’autant plus de proximité à ces personnages.
Car ce qu’ils nous content, c’est en apparence une histoire finalement assez banale dans le fond, de fratrie qui se retrouve à l’occasion du décès d’un parent. Grâce aux acteurs qui mettent dans cette histoire bien plus qu’un simple jeu de comédien, nous sommes emportés dans leur complicité solidaire et chaleureuse (notons également les prestations impeccables de Robinson Stévenin et d’Anaïs Demoustier).
Ce récit simple, parfois jusqu’à la corde, va nous parler de mort, de vie, d’amour, de racines familiales toutes en résilience ; de joie et de tristesse aussi. Et du temps qui passe, qui fauche les gens et rabote les idéologies. Les faits décrits sont brutaux et s’imposent au spectateur : mort subite, coup de foudre, ravages de la perte et évidence des retrouvailles ; c’est un film en profondeur, qui sous des dehors ténus, sans démonstration, nous saisit et ne nous lâche pas.
C’est aussi un film politique, qui dit les difficultés financières des classes populaires, peu à peu chassées de leur paradis maritime par les élites (extraordinaire scène elliptique où l’on voit un yacht faire comme un tour du propriétaire dans la calanque), qui raconte la tragédie des migrants mais qui parle aussi d’espoir et de solidarité en forme de main tendue vers l’autre.
Absolument bouleversant.
FB