Peut-être parce que j’étais en quarantaine, bloquée dans une chambre d’hôtel pour 21 jours, dans un univers complexe et hostile, j’ai commencé, je ne sais pas comment, à regarder l’émission « Britain’s got talent », ainsi que ses alternatives (« America’s got talent). Et c’est presque devenu addictif. Je ne vais pas faire ici la fine bouche, du genre qui ne regarde pas les émissions de télé-réalité par principe et qui trouverait la bonne excuse d’une quarantaine pour s’y laisser aller. Non, disons que cette émission m’a soutenue pendant cette période pas simple (je vous renvoie à mon article sur le site) et que je ne la désavoue pas ensuite.
Nous sommes en plein l’assertion d’Andy Warhol, qui pronostiquait que tout le monde aurait droit à son quart d’heure de célébrité, puisque l’idée est de proposer à des inconnus qui ont un talent (chant, magie, danse, etc.) de se présenter devant des juges, personnalités glamour et reconnues du show biz (Mel B des Spice Girls par exemple), pour tenter de remporter un prix. C’est un tournoi avec des finales, comme le serait une compétition sportive.
Alors commençons par les côtés négatifs (et oui, bien que vivant en Chine, je suis bien Française !). Oui bien sûr c’est une émission de « télé-réalité », nous pouvons considérer que c’est un peu comme « Freaks », des personnes sont exposées sur la scène pour l’amusement de tout le monde. Et également que c’est l’écume de la vague du capitalisme et de la société de consommation, vendre du rêve aux gens, leur faire croire que tout le monde peut faire carrière dans un métier qui est censé rapporter beaucoup d’argent, alors que la plupart des candidats sont dans des situations modestes, voire pire ; c’est une manière de se donner bonne conscience en réactivant comme un ascenseur social de fortune pour les plus défavorisés.
Oui d’accord.
Et pourtant, et pourtant… C’est autre chose que j’ai vu se jouer ici, cette émission a conforté ma confiance dans les gens et dans la vie. De grandes ondes positives m’ont traversées et je voudrais rendre hommage ici à ce dont j’ai été la spectatrice.
Rien à voir avec ces émissions comme la « Nouvelle Star », où nous suivons quelques candidats, toujours les mêmes, dans une compétition classique (ce qui n’a à mon avis aucun intérêt particulier). Ici vont défiler des centaines de personnes dont nous allons faire la connaissance pendant quelques minutes. Tous se sont préparés, certains y jouent quelque chose de vital.
Et nous voyons passer toute la diversité de la population, des gens qui poursuivent un rêve, parfois maltraités par la vie, parfois aspirant à un devenir, comme les jeunes, voire les très jeunes enfants qui se mettent ici en scène, parfois de vrais prodiges.
Ce n’est pas simplement un « quart d’heure de célébrité » que certains viennent chercher ici, mais un moment de reconnaissance d’eux-mêmes. Ignorés, parfois harcelés (beaucoup de jeunes avouent l’avoir été) ou maltraités par la vie, ils sont là pour se prouver quelque chose et prendre une revanche sur eux-mêmes et les autres.
Et les juges sont au diapason. S’ils savent reconnaître une performance incroyable, il y en a, ils savent aussi récompenser, souvent avec beaucoup d’émotion, des personnes différentes. Un enfant autiste qui resplendit à son piano, une chorale de sans-abris, une jeune femme en phase terminale de cancer qui ne veut pas avoir qu’une image négative, une dame de 90 ans qui ose un début de strip-tease à la fois très digne et farfelu, un groupe de filles arrivées tout droit des Philippines et qui y croient.
Ici ces juges, qui sont un peu comme des démiurges, font de petits gestes pour rendre de l’humanité, de la dignité, de l’énergie à des personnes qui en ont besoin. Notamment Simon Cowell, un producteur qui ne mâche pas ses mots sur le talent des protagonistes, mais peut se montrer d’une grande gentillesse quand il en reconnaît un vrai et se montre tout à fait heurté par les inégalités.
Cela ne changera pas la face du monde, bien sûr, mais c’est déjà quelque chose. De laisser des personnes très différentes prendre la parole pour dire qui elles sont, quels sont leurs rêves, et leurs blessures parfois.
Ajoutons que certains ont fait de vraies carrières ensuite.
C’est un immense message d’espoir, très émouvant, vraiment et plein d’énergie positive, malgré les détresses qui le parcourent. Et de dignité aussi.
FB
Et en addendum, quelques-uns des moments émouvants auxquels j’ai assisté.
Dans la catégorie jeunes talents
Et dans la catégorie émouvante.
Une vraie leçon contre les premières impressions.
Des seniors qui en veulent
Des blessés de la vie, mis en lumière pour un moment (ou pour leur vie entière)
Susan Boyle a fait son chemin depuis, et on est heureux pour elle ! Amicalement 🙂
( Ici, dans l’Ouest, c’est tempête et rafales, aucun virus ne peut résister, à mon avis 🙂 )
Merci ! ici c’est mesures strictes, quarantaine dès qu’il y a un cas à l’horizon, donc nous sommes protégés aussi !
Une fois encore tu m’as convaincu . Je vais de ce pas regarder quelques épisodes . Quoiqu’il en soit je sais qu’il ne faut jamais bouder ce qui nous fait du bien .
Merci rue de Provence .
Exactement ! tu peux regarder les vidéos que j’ai mises à la fin de l’article, par exemple.
Même confiné pendant trois semaines, je ne sais pas si je m’infligerais cela. 😉
Essaye et tu verras ! 🙂