Littératures – Deon MEYER (1958- )

deon meyer

Dans cette époque estivale où vous cherchez probablement des livres à emporter dans vos valises (bien que je vous ai déjà cité le « Roman du mariage »), voici pour ceux qui ne le connaîtraient pas, un auteur de policiers, « polars » en langue accréditée, que je trouve vraiment intéressant.

Deon Meyer, né en 1958 en Afrique du Sud, s’est fait connaître en France en 2002  avec son ouvrage « Jusqu’au dernier », suivi l’année suivante par « Les soldats de l’aube », qui a reçu le Grand prix de littérature policière.

Depuis, l’auteur a publié en tout onze romans, soit une production raisonnable (nous ne sentons pas la pression d’une maison d’édition qui pousse certains auteurs à tirer à la ligne pour vendre). Pour autant, nous sentons une inflexion dans son oeuvre que je daterai pour ma part de son livre « Lemmer l’invisible », paru en France en 2008, et dont je reparlerai plus bas.

Je viens de finir « 7 jours » (2012 et 2013 pour la traduction française), où j’ai retrouvé deux des ingrédients majeurs de son oeuvre. Tout d’abord des personnages bien campés, attachants, souvent cabossés par la vie (Mat Joubert, policier qui a perdu sa femme, Benny Griessel, ex-alcoolique, « Ptit », un noir Xhosa qui a vu mourir son fils, Zet Van Heerden, ancien policier en pleine dépression, M’Bali, policière noire au physique ingrat… Je sais que ce catalogue a l’air caricatural, mais ce qu’il faut retenir, c’est que nous sommes devant des personnages « normaux », avec leurs tragédies petites ou grandes et les fêlures qui s’ensuivent). Policiers ou détectives hors pair, impliqués, pour ne pas dire engloutis, dans leur travail, ils nous entraînent dans des intrigues très bien menées, haletantes et rythmées. Il est d’ailleurs difficile de lâcher un roman de Deon Meyer tant nous voulons savoir la fin ; c’est ici la deuxième caractéristique de ces romans, un sens de la narration aigu, mêlant construction astucieuse de l’histoire et style simple et efficace.

Troisième particularité, et non des moindres puisqu’elle fait à mon sens toute l’originalité de l’oeuvre, le talent de Deon Meyer pour nous présenter son pays, l’Afrique du Sud, dans certains de ses traits marquants. Défilent ainsi au gré des livres, les questions relatives à la guerre avec l’Angola, l’apartheid, le trafic des animaux, la corruption, l’islamisme… Autant de toiles de fond qui nous font appréhender un peu mieux cette contrée complexe.

Je dois dire que c’est cet aspect qui m’a passionné chez cet écrivain, le dosage subtil entre une intrigue policière classique et la description de la société sud-africaine. Et ce surtout dans ses premiers livres. En effet, nous notons au fil du temps que le contexte géo-politique disparaît peu à peu pour laisser la place à la seule intrigue policière ; et c’est bien dommage.

C’est pourquoi je ne peux que vous recommander de lire les premiers ouvrages, écrits avant 2008, absolument excellents.

FB