Cinémas – Pascal BONITZER : Tout de suite, maintenant (2016)

tout de suite maintenant

Voilà un film qui m’a intéressée, au premier abord, car il nous parle du milieu de l’entreprise, et pas n’importe laquelle, celle de la finance, fusions/acquisitions et placements en tout genre.

Au début, voilà Nora Sator (Agathe Bonitzer), jeune financière, lors de son premier jour chez AB Fi, entreprise tenue par le duo Barsac/Prévôt-Parédès (Lambert Wilson/Pascal Greggory). Entreprise stylée high-tech, d’une élégance glacée au milieu des bureaux noir et inox et des costumes sombres avec cravate/robes sobres ou tailleurs pour les femmes. Nous y sommes, dans ce monde de tueurs, où les clients vous font sentir avec mépris qu’ils vous font l’aumône de leur temps, où l’on peut se faire rétrograder en quelques minutes parce que l’on a pas eu la présence d’esprit de proposer la bonne solution qui va faire du cash. Et Nora s’en sort plutôt bien ici…

Nous allons découvrir, au-delà de cette surface aseptisée, tout un monde réel de personnes qui se sont connues, qui font connaissance, qui renouent ou dénouent des liens… Tout cela dans un microcosme limité de quelques protagonistes (six au total). Car l’embauche de Nora va créer un effet papillon sur son entourage, déclenchant comme une réaction en chaîne. Car entre son père (Jean-Pierre Bacri), les deux directeurs d’AB Fi et Solveig (Isabelle Huppert), femme de Barsaq, se sont noués des amours et des haines anciennes. Et Nora apparaît un peu comme l’instrument du destin qui va faire la justice, bien malgré elle, au milieu de tous ces sentiments exacerbés.

J’ai été frappée par la fluidité du récit et des interactions multiples qu’il installe entre les personnages. Car tout est inter-relation ici, A aime B mais se marie avec C ; D l’adore mais elle ne le calcule pas. Ainsi Xavier (Vincent Lacoste), semble conclure avec Maya (Julia Faure), la soeur de Nora, pour finalement préférer cette dernière. Peut-être Pascal Bonitzer nous dit-il ici le mal d’affection qui est notre lot : toute personne qui passe peut être celle qui recevra notre trop plein d’amour, dans une indifférenciation générale (que n’aurait pas reniée Roland Barthes). Sur ce schéma, le cinéaste tisse une toile qui relie tous les personnages dans une grande fluidité.

Sur le casting, déjà cité plus haut, disons qu’il est impeccable (à l’exception peut-être d’Agathe Bonitzer, un peu empruntée), ne boudons pas notre joie de voir ces grands acteurs ensemble, même s’ils font ce qu’ils savaient déjà faire.

Donc un bon film, à voir.

FB