Chine – Portraits en temps de pandémie, épisode 2 (2022)

Celui /Celle qui garde la queue du stand de tests PCR

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer cette figure que nous rencontrons tous les trois jours maximum, pour renouveler notre droit d’entrer partout (en ce moment, la situation se tend à Pékin, nous sommes en train de passer sur un rythme quotidien, comme c’est déjà le cas dans d’autres villes comme Shenzhen, par exemple, où depuis avril, les habitants sacrifient au rituel d’un test PCR par jour).

En aparté, j’ai déjà eu l’occasion de vous expliquer, mais je ne résiste par à me lancer dans une deuxième leçon d’économie sommaire – clin d’oeil à Boby Lapointe et à sa « Leçon de guitare sommaire », allez je vous fait partager ce merveilleux morceau de poésie absurde qui reflète à mon avis assez bien ce que nous vivons ici, avec l’humour indispensable pour affronter la situation.

Donc voilà l’équation que je vous soumets. Un test PCR coûte entre 70 cts d’euro et 1,1 euro. Chaque employé d’un stand de test est payé entre 100 € et 150 € par jour (incluant sûrement une très importante prime de risque, vu les salaires moyens ici). Il y a en moyenne 5 employés par stand de test et 10 000 stands de tests à Pékin. Sachant que :

  • Il y a 21 millions d’habitants à Pékin
  • Il est obligatoire de faire un test tous les trois jours depuis le mois d’avril
  • On compte environ 10 000 points de tests dans la capitale

Sauras-tu calculer le coût total pour la ville ?

Revenons à mes égéries du jour.

Il/elle est postée le long de la queue, à la différence de ceux qui font les tests enfermés dans leur petite cahute, ils/elles peuvent se déplacer le long de la queue et faire de l’exercice, voire lier des connaissances, si la queue est assez longue, un vrai endroit pour faire de belles rencontres de proximité, voire d’étrangers au quartier, si par chance des gens venus de loin s’arrêtent de manière impromptue pour faire un test.

La tenue est assez libre, il faut quand même arborer les protections basiques, visière, masque et tenue bleue en non-tissé ; la charlotte est optionnelle mais fait bel effet.

Gardienne aux aguets

L’emploi consiste à être là, ça c’est la base, parfois à regarder si les personnes qui font la queue scannent le Q/R code du pass sanitaire à l’entrée (le professionnalisme sur ce point est assez inégal d’un stand à l’autre) et portent un masque, en ignorant superbement ce qui peut se passer dans la rue à proximité, où bien des gens ont laissé tomber le masque, si je peux dire et frôlent les gens dans la queue. Mais le stand PCR est une institution sanitaire et bien qu’à ciel ouvert, nous sommes tellement proche d’une possibilité éventuelle d’un potentiel virus qui pourrait advenir, qu’il faut être prudent, nous le comprenons. Et il ne faudrait pas que cette aire sacrée devienne un cluster, ce serait un coup bas porté à toute cette politique si bien pensée sur le plan stratégique.

Et sur le côté droit, presque la même, version queue de cheval

Parfois, dans un sursaut de professionnalisme tout à leur honneur, ils nous rappellent qu’il faut garder une distance de sécurité 一米 (un mètre) et désarticulent la queue qui s’était laissée quelque peu aller. Leur pouvoir est tout-puissant depuis le moment où vous entrez dans la queue jusqu’au moment où vous serez pris en main par les officiants du test. Ce sont des soldats de la lutte contre le Covid-19, ils ont une mission à accomplir.

Là vous n’essayeriez même pas de faire l’impasse sur le scan du pass sanitaire

FB