Comme je l’ai déjà évoqué, l’automne est le moment propice pour observer ces magnifiques arbres, les Ginkgos bilobas, appelés ici 银杏, arbres aux abricots d’argent (c’est quand même plus beau que notre appellation, qui fait botaniste érudit), qui pendant quelques fugaces semaines muent du vert au jaune doré.
Le matin, quand je pédale pour aller au bureau, je les croise tout le long de mon chemin.
Et la vue depuis le bureau où je travaille, déjà belle en elle-même quand l’atmosphère est pure, se pare maintenant de ces ramures d’or le long de Chang An (l’avenue de la Grande Paix).
Même si traquer ces arbres dans les rues de l’hypercentre reste une belle aventure, rien ne vaut d’aller à leur rencontre dans les parcs, et j’ai donc refait une excursion au Jardin botanique de la capitale.
En commençant par la partie sud que je ne connaissais pas et qui abrite les serres du Jardin (j’y ai fait une incursion rapide, à mon avis sans intérêt).
C’était un jour merveilleux, bleu du ciel, légère brise, soleil jouant à cache-cache dans les ramures, tout était propice à la contemplation de cette nature qui lançait ses derniers feux d’automne avant de s’assoupir dans le long hiver.
Chemin faisant, j’ai croisé tous ces gens en train de balayer les feuilles pour récolter quelque chose, je n’ai pas bien compris et j’ai eu l’impression d’assister à un rituel secret et merveilleux.
Une fontaine bien incongrue me surprend au détour de ma pérégrination, elle est bien belle sous sa frondaison de pins.
Et également ces roses, qui croient encore que l’hiver est loin, et se réchauffent dans la chaleur du soleil et le bleu du ciel.
Mais les Ginkgo restent les plus beaux invités de cette fête d’automne, ils captent toute la lumière et laissent les pins dans l’ombre (ces derniers se vengeront bientôt l’hiver venu).

Dans le bleu immuable du ciel, ils donnent à voir toute leur beauté éphémère.
Le jardin, côté sud, où j’ai commencé ma déambulation, est cerné par ces montagnes qui hérissent les pourtours de la capitale à l’ouest et au nord.
J’ai avisé un rassemblement d’autochtones à un endroit du parc et je me suis dit qu’il devait s’agir d’animaux (je commence à prendre les code du pays), bingo, deux chats faisaient les vedettes dans le sous-bois.
Les autres arbres, bien qu’éclipsés par les ginkgos, n’oubliaient pas de nous faire part de leur beauté d’automne, déclinant leurs ramures du rouge à l’or.
Et pour finir, j’ai rejoint le côté nord que j’avais déjà arpenté, pour déambuler à nouveau le long des lacs et des montagnes que je trouve si belles.
En deux semaines, le lac s’est paré d’or.
Et puis, le soir descendant sur toute cette nature, j’ai repris le chemin du métro, croisant ce début de crépuscule et les ombres qui glissaient sur l’étendue d’eau miroir.
Un dernier ginkgo (pour la route !) me fait de l’oeil de toute sa hauteur au moment où je vais quitter le parc, décidément ces arbres vont me hanter longtemps.
Le lendemain, je suis allée rendre visite à un autre endroit réputé pour ses ginkgos (non, non je ne suis pas monomaniaque, la saison est si courte qu’il faut en profiter vite !).
Dans le quartier de Sanlitun, une rue qui abrite certaines Ambassades, comme celle de Turquie, du Mexique ou du Cameroun, devient en ce début d’automne « the place to be » (plutôt pour les autochtones, j’ai croisé bien peu d’étrangers) pour admirer la double frondaison de ces arbres d’or, qui rythme la rue.
Il n’était pas ici seulement question d’admirer les arbres dans leurs atours jaune d’or, mais aussi de se mettre en scène. Tout le monde avait un téléphone/un appareil photo dernier cri, pour capturer tout ce qui passait à l’horizon, les arbres, les êtres aimés, les animaux, dans une hiérarchie que je ne saurais évaluer.
Après cette immersion dans ce monde doré, j’ai repris ma route, sans oublier de sacrifier au rituel du test PCR.
FB
Que de splendeurs ! Merci pour ce magnifique reportage. Ces arbres ont-ils un parfum ?
Bel automne, paisibles découvertes, amicalement 🙂
Non ils n’ont pas de parfum, juste la lumière de leur feuillage, ce qui est déjà beaucoup. Merci !
Innombrables fenêtre aussi, à donner le tournis !
Il n’a jamais été aussi agréable je pense de se jeter dans le brasier ! Un brasier de feuilles colorées, un forêt qui flamboie plus qu’elle ne flambe. Grâce à toi, sa lueur fait le tour de la terre et nous réchauffe le cœur.
Merci. 🙏
Merci à toi, tu as compris ce que j’ai ressenti en voyant ces arbres.