Après deux mois et demi passés en France, pour raisons familiales, je viens de regagner ce qui est aujourd’hui mon pays, la Chine et je voudrais, en forme de retour sur ce blog, vous conter ici le parcours du combattant que cela représente en cette période de CoVid-19.
Tout d’abord, il faut réussir à avoir une place dans un avion. Là où Pékin était relié à Paris, avant la pandémie, par 40 avions par semaine, il y a aujourd’hui 6 vols hebdomadaires vers toute la Chine (Pékin, Canton et Shanghaï). Les prix flambent (2500 € pour un aller simple en classe économique, jusqu’à 7000 € pour un aller simple en business class – avant la pandémie l’aller-retour en classe économique coûtait 1500€), et les places sont rares. S’ajoute à cela le fait que si plus de 5 personnes sont identifiées porteuses de la maladie dans un vol donné, la compagnie concernée est mise à l’amende par l’annulation des deux vols suivants.
J’avais un retour programmé le 8 septembre, j’ai guetté tout le mois d’août la cascade des annulations, le vol du 10 août, celui du 17, celui du 24 et finalement ceux du 1er et du 8 septembre, le mien. Et si vous cherchez une place, les prochaines qui vous sont proposées sont mi-octobre…
Grâce à la Chambre de Commerce et d’Industrie à Pékin (Merci !!), j’ai pu prendre un vol le 17 septembre, atterrissant à Tianjin, proche de Pékin le 18.
Il faut vous raconter les péripéties qui ont précédé le vol.
Avant
Tout d’abord, quand j’ai quitté la Chine, la règle était de suspendre les permis de résidence et d’exiger un visa temporaire. Donc rassembler une dizaine de papiers, remplir un dossier de 8 pages en ligne, aller déposer le dossier au Centre de visas de la Rue Bassano à Paris et aller chercher le visa ensuite. Le plus comique est qu’une semaine après avoir récupéré le précieux document, j’ai appris qu’il n’était plus nécessaire. Tout ça pour ça…
Ensuite, il faut être vacciné avec un vaccin chinois pour entrer à nouveau sur le territoire. J’ai opté au mois d’avril pour le Sinopharm. Ce qui m’a valu de me passer de pass sanitaire en France et faire des tests PCR/antigénique tous les trois jours. Non remboursés puisque je n’ai plus de sécurité sociale en France. A 30 € le test en moyenne tous les trois jours, cela finit par faire une somme.
Enfin, il faut un double test PCR/sérologique négatif dans les 72 heures précédant le vol. Sûrement puisqu’il s’agissait d’un vol entièrement dédié à des étrangers, la Chine a rajouté une petite subtilité : en plus d’un test PCR de moins de 72 h, il fallait également un double test négatif de moins de 36 heures, heure pour heure, d’avant le vol. Et à réaliser dans un des trois laboratoires de Paris validés par l’Ambassade de Chine en France. Il s’agissait ensuite de télécharger tous les documents sur un site (avec des formats particuliers, sinon ce serait trop simple) et attendre d’avoir un code vert sur le site.
Vous pouvez imaginer le stress de nous autres, pauvres Français perdus, tentant de rejoindre la Chine pour raisons impérieuses, parce que nous vivons ou que nous allons vivre là-bas, pas pour le tourisme. Faire un test le jeudi après 11 h 35 et attendre les résultats. Certains d’entre nous ne les ont reçus que le lendemain matin, à peine 12 h avant le vol, sans savoir si l’Ambassade, qui donnait les autorisations, aurait le temps de traiter nos dossiers.
Pour ma part j’ai reçu les éléments vers 10 h 30 le matin du vol. J’ai eu de la chance.
A l’aéroport tout est allé (presque) simplement : si vous pouviez montrer votre passeport, votre code sanitaire Q/R vert et votre passeport, puis scanner un code Q/R pour la douane, tout allait bien. Deux personnes n’ont pas pu monter à bord en raison d’un problème sur le deuxième Q/R code, quand même.
Pendant
Un moment de paix, un hâvre de confort suspendu dans l’espace, entre ces deux épisodes durs… Le personnel charmant d’Air France (qui nous expliquent qu’ils ne peuvent pas passer la nuit en Chine et doivent repartir pour la Corée pour dormir), un avion presque vide, où vous pouvez privatiser trois siège pour vous faire un coin business en classe économique. Et beaucoup de solidarité entre les gens, la tension et le stress, sensibles dans les échanges sur le groupe « WeChat » (le WhatsApp chinois) créé deux jours avant par la CCI, semblant s’être évanouis.

Après
Nous débarquons à 16 h à Tianjin, à 100 kms de la capitale, puisque Pékin est fermée aux vols internationaux entrants jusqu’à nouvel ordre. Et là commence un parcours dans ces espaces sans lumière que j’ai expérimentés il y a un an, au milieu de fantômes blancs zébrés de bleu. Entretien avec un employé via caméra, montrer le code Q/R vert, le passeport, un papier vert rempli dans l’avion. Puis test PCR musclé, dans le nez et la gorge. Passage de la douane, je suis restée debout avec mon sac à dos 20 minutes devant une employée vraiment consciencieuse.
Nous sommes ensuite dirigés vers une salle d’attente où, comme son nom l’indique, nous attendons un moment. Pour être ensuite véhiculés par bus vers un hangar où nous récupérons nos bagages (sûrement désinfectés) au milieu des mêmes silhouettes blanches, qui vont constituer notre présent pour quelques semaines.
Le bus nous emmène ensuite vers un hôtel, à une heure de route, quand même. Les formalités d’enregistrement sont lentes, si lentes, je parviens à gagner ma chambre à 23 h 30, 7 h 30 après avoir atterri.

Espace de 25 m² où je vais passer les trois prochaines semaines enfermée, sans franchir le seuil. Personne ne viendra faire le ménage non plus, ni changer les draps ou le linge de toilette, les repas nous seront déposé trois fois par jour devant la chambre. J’ai une provision d’eau et une bouilloire à ma disposition, j’ai apporté thé et café de France, c’est déjà un réconfort. Et j’ai une petite fenêtre qui s’ouvre à l’italienne, un luxe.

Ne nous plaignons pas, pour une raison mystérieuse, l’un de nos co-voyageurs a été envoyé de l’aéroport directement à l’hôpital, nous espérons qu’il va sortir rapidement…
Et après il y a le protocole sanitaire, complètement absurde et sur-dimensionné.

Imaginez, je dois prendre ma température six fois par jour, à des heures précises. Et ensuite, test sur test. Le 4e jour test PCR, le 7e jour tests antigénique et PCR, le 14e jour pareil, plus, cerise sur le gâteau, test anal et le 16e jour encore un test PCR, à notre charge financière, bien sûr, de même que cette quarantaine, qui va nous revenir à environ 700 € par semaine (pour ma part j’ai la chance d’avoir mon entreprise comme support financier).
En en payant le prix, j’’ai quand même réussi à revenir en Chine. Mais en payant le prix…
FB
Contente de lire vos nouvelles. J’espère que vous vous remettez de ce stress, des fatigues et que vous avez retrouvé votre ambiance professionnelle j’espère agréable.
Eh bien !!! que de tests !
Quand je pense que dans mon immeuble en copropriété, ceux que j’appelle » les petits vieux » parce qu’ils/ elles sont têtu/es et égoistes ne portent même pas le masque dans les ascenseurs et les parties communes !
Bon séjour, et peut-être des excursions en prévision ?
amicalement – merci pour votre exposé sur le vif.
(J’espère que les repas-distractions étaient bons ! )
Quel est le menu ? et pour le petit déjeuner ? Des livres, journaux, revues ?
amitiés
Quelles péripéties et quelle ténacité!!!
Si ce n’était pas toi qui le racontais je ne le croirais pas ! les photos sont incroyables et le plateau repas !!! Bon je te souhaite Force courage et patience surtout ! des bises .
Merci de ce reportage. Courage !
Une véritable aventure que ce retour au pays !
C’est assez effrayant je dois dire. Cela dit aussi beaucoup de cette tension anxiogène qui règne désormais entre les nations à cause du Covid. Mais pas que… Cela a engendré une exaspération politique qui bouleverse l’échiquier mondial. Pas très rassurant en vérité…
Test anal ? Encore un test sans fondement… 😉 Heureusement que le pays est beau…