Pour terminer le récit de mon voyage à Luoyang, je vous invite à m’accompagner au Temple de Shaolin découvert dimanche matin, avec un temps qui était redevenu magnifique (pour ceux qui n’auraient pas lu les articles précédents, samedi était enveloppé par la tempête de sable qui avait frappé Pékin quelques jours auparavant). Le ciel était bleu, parcouru par une petite brise de bon aloi.
Après le Temple du Cheval Blanc (voir épisode précédent), nous avons mis le cap vers le Temple Shaolin (少林, petite forêt), fondé au Ve siècle, et qui abrite une école de kung-fu très célèbre, mélangeant religion et arts martiaux ; c’est d’ici qu’est issu cet art martial maintenant connu dans le monde entier. Les élèves viennent de partout en Chine, voire d’autres parties du monde, pour suivre cet enseignement exigeant pour le corps et pour l’esprit. C’est devenu une tradition ici, les écoles de kung-fu se sont développées dans les alentours (le guide nous a expliqué qu’étaient envoyés ici les élèves qui ne réussissaient pas dans les matières intellectuelles, car ici l’enseignement est spirituel certes, mais également très physique ; je ne suis pas étonnée quand je vois le haut niveau d’exigence des parents par rapport à leur progéniture).
Le temple a été régulièrement rebâti après plusieurs destructions (la dernière en 1928), il est ensuite laissé à l’abandon jusque dans les années 1970 où des subventions venues de plusieurs pays aident à le restaurer, pour préserver l’art du kung-fu.
Il faut dire que les moines Shaolin ont eu un statut particulier qui a pu en hérisser plus d’un ; sous la dynastie des Tang, qu’ils ont aidés à monter sur le trône, ils ont eu un droit particulier pour manger de la viande et boire du vin. Ils ont également pu embrasser une carrière militaire. Concentrant un pouvoir indépendant aux privilèges spécifiques, ils ont sûrement excité la vindicte de certains puissants ou du peuple.
Commençons par les choses importantes, qui unissent Chinois et Français dans la même délectation, la nourriture ! Nous avons fait étape pour le déjeuner dans un restaurant chinois immense, vraiment typique d’ici, avec ces tables rondes qui portent en leur centre un plateau en verre tournant sur lequel sont posés les plats, où tout le monde se sert au fur et à mesure ; plus de plats que de convives, en général, je ne me souviens plus combien ici, sûrement plus d’une dizaine pour huit personnes à table… Très bon souvenir.



Et puis, arrivée au site, avec ce ciel bleu qui faisait comme une respiration après les atmosphères oppressantes des derniers jours, encadrement des montagnes au lointain telles des échappées vers la nature. Comme dans beaucoup d’endroits, une arche monumentale marquait l’entrée dans les lieux.


La nature commençait à frémir dans son renouveau.


Notre première halte fut impressionnante, la Forêt des pagodes nous attendait dans son calme immobile. Avec près de 250 stupas (les édifices que vous voyez), qui s’étendent sur un hectare et demi, c’est le plus grand cimetière de moines de Chine, chaque pagode correspondant à une sépulture, dont les plus anciennes datent du VIIe siècle de notre ère. L’ensemble est inscrit au patrimoine de l’UNESCO.
C’était comme une émotion de voir ces structures, censées rappeler aux vivants le souvenir des morts qu’elles abritent, s’affaisser elles aussi avec le temps qui passe…




Certaines de ces structures, plus contemporaines, glorifiaient leurs disparus. Jusqu’à sculpter dans la pierre leurs voeux (assez matériels, disons-le) pour l’au-delà.

Après ce très beau moment, nous pénétrons dans le temple lui-même.


C’est un temple assez classique, à l’exception de l’ouverture sur les montagnes alentours, qui lui font comme un écrin de nature. Il est en deux parties, la nouvelle, refaite, et l’ancienne, où subsistent quelques bâtiments parfois presque à l’abandon, mais intacts (ce qui n’est pas évident, dans ce pays où tout change tout le temps en matière de construction, pour que le neuf prenne le pas sur l’ancien). Je vous laisse deviner…








Même ces paysages à ciel ouvert qui s’étendaient dans ce beau printemps qui commence, ne pouvaient nous faire oublier les gestes barrière, rappelés dans une manière propre au lieu.


Pour finir, nous avons assisté à un spectacle donné par les moines Shaolin, qui nous ont impressionné par leurs capacités physiques.

Une bien belle découverte, encore, que je voulais vous faire partager.
FB
Cette dernière étape m’aurait bien plu car elle éveille en moi tout l’imaginaire des films de la Shaw Brothers, notamment les films de Liu Chia-liang (« la 36ème chambre de Shaolin). Destination mythique !
Abondance de tout – que de belles découvertes tu nous fais partager ! Merci 🙂