A 140 kilomètres du centre de Pékin, encore dans l’enceinte de la capitale, se trouve la ville de Gubei, une cité qui s’étend le long de canaux, telle une Venise du nord de la Chine.
Elle est adossée à Simatai, un des points d’intérêt de la Grande Muraille, j’ai déjà partagé avec vous mon périple là-bas.
Il faut payer un droit d’entrée pour pénétrer dans cet ensemble, ce qui, au premier abord, nous fait penser fortement, en mode négatif, à un parc d’attraction… Les lanternes très typiques qui vous accueillent face au bâtiment principal d’entrée sont belles, certes, mais peu rassurantes sur ce qui va suivre finalement, car nous les avons déjà rencontrées un peu partout, comme un symbole universel et uniforme des lieux d’intérêt même les plus inauthentiques.

Après avoir réalisé les formalités d’entrée, vous découvrez une belle surprise. Impossible de dater ces constructions, les Chinois sont très forts en destruction/reconstruction (la notion de glorification du passé, dans ce pays, me laisse encore perplexe, je suis sûrement encore engoncée dans nos principes européens, où l’on conserve tout, et où toute restauration doit être visible et réversible). Pour autant, tout cela a belle allure. Nous apprendrons par la suite que presque tout est presque neuf, édifié dans le style architectural du nord de la Chine…
La froidure est encore là, en ce mois de mars, figeant dans son élan glacé les canaux qui parcourent la ville et imposant çà et là quelques dentelles blanches parfois assez spectaculaires.



C’est une très jolie ville reconstituée autour de ces canaux, que nous avons arpentée, elle s’étend sur 9 kilomètres carrés, sur un format assez réduit à l’aune du pays, toute de pierre plutôt grise et brute, sinueuse, comme toute en courbes et angles, ponctuée de ponts qui permettent de passer d’une rive à l’autre.
Mais aussi une ville qui, comme tous les lieux très touristiques (à l’instar de certains de nos villages français), paraît inhabitée, je soupçonne les quelques tenanciers de restaurants ou boutiques de loger ailleurs que dans cet endroit impropre à la vie normale (aucun commerce de bouche quotidien, comme nous dirions en France en langage soutenu). Des boutiques de souvenir, de bon niveau, des restaurants et des hôtels, et c’est à peu près tout.


Des images de carte postale nous escortent ou nous précèdent, déroulant des points de vue plus esthétiques les uns que les autres, faits de coins et de recoins ; c’est une ville d’été (du nord) mais même en cette saison le gel qui emprisonne ces petits cours d’eau leur donne une vraie beauté.




La Grande Muraille se laisse entrevoir çà et là, au-delà des toits et des arbres glacés qui ont bien du mal à se réchauffer dans ce premier souffle du printemps. Elle fait comme un halo lointain et magique à cette petite ville intemporelle et indatable.

La ville se niche en effet au creux des montagnes, et même si quelques usines se laissent deviner à l’horizon, elle donne l’impression d’être insérée dans la nature, maisons aux toits bruns rassemblées comme un troupeau un peu indiscipliné (si vous voyiez d’autres villes chinoises, rebâties au cordeau, vous comprendriez mieux ce que je veux dire) qui voudrait se protéger des géants qui l’entourent, en paissant au bord de l’eau.


Une des attractions ici sont les sources chaudes, certains hôtels proposent des bains chauds à ciel ouvert (à ne pas surestimer, d’après moi), mais vous pouvez profiter d’un bon bain de pieds chaud dans la ville (en gardant votre doudoune).
Tout est refait à la perfection, nous restons impressionnés par la vitalité de ce pays, qui peut reconstruire à l’identique des milliers d’années d’histoire et donner une telle impression de véracité. Jusqu’aux poignées de porte qui paraissent tellement d’époque. Des ruelles presque anciennes vous guident de petite maison en pergola, avec, chose curieuse pour ce climat, des terrasses qui surplombent le cours d’eau central.



La place centrale finira par vous attirer, vous faire sortir de votre balade sinueuse pour profiter des spectacles de la fin de journée (drones et spectacle de lumière bien d’ici) ou tout simplement pour manger un morceau sur le pouce dans cette cuisine à ciel ouvert qui sert un excellent tofu dans une soupe épicée, des brochettes faites minute et d’autres denrées plus difficiles à déterminer et que nous n’avons pas eu le temps de tenter.


Ici d’ailleurs, vous pouvez déjeuner sur le pouce partout, de petites échoppes ouvertes sur la rue préparant des mets souvent délicieux. Ci-dessous du tofu grillé puis des cassolettes de soupe au mouton. Des panneaux vous donnent des renseignements en anglais sur la gastronomie locale, trop fastoche !


Pour en revenir à l’autre côté de cette ville, authentique par moment et qui se fait parfois parc d’attraction, voilà quelques images éclairantes.



J’adore cette mixité, je pleure parfois la destruction de tout ce patrimoine et je suis à la fois émerveillée par le dynamisme de ce peuple…
FB
Quel magnifique reportage, merci.
On ne voit ni oiseaux, ni animaux ?
Amicalement
Non, ce jour-là pas beaucoup d’oiseaux et très peu d’animaux (quelques chiens, les Chinois ici adorent les petits chiens – pas pour les manger !).
Quelle voyageuse. Merci pour ce reportage fort intéressant. 😀
C’est dans Pékin intra muros ! Merci Marcorèle, j’espère que tu vas bien.
J’ai beaucoup aimé ces photos de canaux gelés. On dirait un décor de film.