Rien à voir ici avec un article que j’avais écrit sur les pop stars plus ou moins dénudées qui hantent clips et concerts depuis quelques -années ? décennies ? Je viens de me rendre compte que j’écoute depuis un certain temps des femmes chanteuses, plutôt que des hommes et je voudrais vous les faire découvrir en de courts billets, libre à vous d’aller voir plus loin. Je voudrais ajouter que ces femmes s’inscrivent en marge de la tendance majoritaire portée par les lolitas que j’ai mentionnées plus haut, elles sont très féminines et libres de s’exprimer sans s’inscrire dans des schémas prédéterminés. Je ne me revendique pas comme une féministe, certains des égarements ou outrances de ces mouvements, à l’heure actuelle (je ne fais pas référence aux combats menés dans d’autres temps) ne me convenant pas, je préfère faire mon chemin toute seule et montrer ici comment on peut être femme et chanteuse sans revendication ou agressivité.
- Le farfadet rêveur, Kate Bush

Connue mondialement pour ses tubes « Babooshka » et « Wuthering Heights« , qui tournaient en boucle jusqu’à l’écoeurement sur les radios françaises un peu nostalgiques, c’est une artiste qui mérite mieux que cela. Car depuis 1978, elle construit, avec sa voix d’elfe, des mondes en marge dans chacun de ses albums. « Hounds of love » (1985) est par exemple pour moi une première dans ce sens, un album qui nous raconte une histoire unique au fil des morceaux, comme un voyage initiatique en forme de renaissance… Je la suis depuis l’origine, grâce à ma tante qui m’a offert le premier album à sa sortie et je ne me lasse pas de ces univers très particuliers portés par sa voix cristalline et soutenus par des expérimentations musicales incessantes, dans lesquelles elle convoque racines gaéliques, bulgares et autres ; elle intègre ici des dimensions cachées, nourries de rêves d’enfant obligés de grandir très vite face aux monstres, mais aussi de sensualité puisée à même la terre, nourricière et féminine.
Maylis de Kerangal lui a rendu un hommage très juste dans son magnifique livre « Dans les rapides » (2007).
Je vous laisse avec un extrait de l’album » The sensual world » (1989).
2. La « glamour excentrique » : Alison Goldfrapp

Venue tard à la musique, Alison Goldfrapp crée avec Will Gregory le groupe « Goldfrapp« , qui enregistre son premier album « Felt Mountain » en 2000, comme un OVNI qui percuterait la pop anglaise bien calibrée de l’époque. Là aussi, les atmosphères sont au rendez-vous, soutenues par des innovations de musique synthétique qu’elle compose avec son complice et qui font comme un écrin à cette voix tenue toute de velours. Le groupe sait passer de morceaux pop, portés par le rythme, à des ballades plus confidentielles, voire sensuelles, où la voix d’Alison peut donner toute sa texture fragile. J’adore ce groupe depuis le début, dans ses oscillations entre électro pop et intimisme (l’album « Tales of us » est absolument magnifique, dans ce dernier registre).
Je vous livre ici un clip plus récent, que je trouve très beau, « Anymore« .
3. La rebelle rageuse, Beth Ditto
Voilà maintenant une femme qui s’assume totalement dans ses choix, homosexuelle, grosse et le revendiquant, elle fume et boit, comme nous voyons ici, j’adore… Les débuts du groupe qu’elle co-fonde en 1999 aux Etats-Unis à l’âge de 18 ans sont secs et nerveux, un rock à l’anglaise épuré autour de l’incroyable voix de cette chanteuse qui peut tout. Le groupe passe insensiblement du rock genre « teenagers dans leur garage », tout en tension à quelque chose qui s’apparenterait au funk des premiers temps, quand il était mâtiné de soul music, sûrement pour trouver un rythme qui s’adapte mieux à l’énergie pure qui se dégage de Beth Ditto. Une guerrière, qui n’oublie pas d’être extrêmement féminine dans ses tenues et son maquillage, poussant même jusqu’à l’extrême, comme pour à la fois revendiquer ce qu’elle est et montrer en quoi c’est un peu risible. A partir de 2016, elle est partie faire une carrière solo et je lui souhaite grande réussite.
Ici un clip extrait d’un album de Gossip, « A joyful noise » – 2012 (tout un programme, bien en accord avec le personnage), « Get a job ». Enjoy !
4. L’excentrique « Indie », Florence & The machine
Comment parler de cette artiste tellement à part ? (Bien que celles que je viens d’évoquer le sont aussi, mais elles ont surgi plus tôt, à un moment où encore la musique offrait des espaces d’innovation, ce dont je doute plus aujourd’hui, au vu du nivelage opéré par les médias ou de leur (presque) absence dans la promotion d’artistes qui sortent un peu du cadre – Un grand merci à la BBC). Car ce groupe anglais a vu le jour en 2009, sous l’impulsion de la chanteuse, Florence Welsh, encore une vraie personnalité hors du commun, qui surgit dans un monde de la musique assez formaté, empruntant tenue bizarres avec des relents des années 70 « back to the earth », pieds nus, grandes robes flottantes et (un peu) transparentes ; notons quand même qu’elle n’en a rien à faire de sa beauté physique, ce n’est pas son problème. Toute en énergie elle aussi, une voix qui déchire l’espace musical, fiévreuse et engagée, elle pourrait presque nous fatiguer, nous pauvres humains qui l’écoutons. Encore une unique, tellement personnelle, qui nous a fait don d’une série de clips en forme de film, calqués sur son album « How big, how blue, how beautiful » , « The Odyssey », une sorte de voyage intérieur qu’elle fait en nous invitant dans son univers de relations vraies et parfois brutales, comme si elle ne cessait de se cogner au monde. J’adore son engagement et son incongruité.
Ci-après une vidéo extraite de « The Odyssey », dont je viens de parler.
Et voilà pour ce voyage au coeur de ces musiciennes, je vous livre ci-après un de mes derniers envoûtements, coup de coeur également, encore une femme libre. Mais juré, craché, la prochaine fois je parle des garçons ! 🙂 (bien qu’il y en ai un et pas des moindres dans le clip ci-dessous).
FB
Merci pour la ballade musicale et le détour par Kate Bush que je partage à 100%
Merci !!
Très belle collection. Je ne connaissais pas cette Florence. Belle découverte. Et je n’avais pas entendu la voix d’Alison Goldfrapp depuis bien longtemps.
Quant à Kate, c’est une sorcière du son !
J’aurais bien ajouté PJ Harvey aussi.
Merci Princecranoir, je connais mal PJ Harvey, je vais écouter. J’ai hésité à ajouter Patti Smith, qui est pour moi une déesse musicale.
Oui, très bon choix aussi!