Pékin – Temple Zhizhua (2020)

Maintenant que j’ai réussi à m’abonner à des vélos en libre service (ne riez pas, les sites sont entièrement en chinois et mes cours intensifs ne me permettent pas jusqu’ici de comprendre ce que l’on essaye de me dire sur l’écran – je suis donc particulièrement fière d’avoir réussi non seulement à m’inscrire mais également à avoir pris un abonnement, pour six mois – en espérant que ce n’est pas pour six ans, nous verrons ! 🙂 ), tout devient (un peu) plus proche. Et il est possible d’enfourcher une de ces montures jaunes (oui il y a des bleus, des verts et des jaunes, moi j’ai choisi les derniers, passant peut-être à côté d’une hiérarchie inconnue, tant pis), pour partir nez au vent en exploration, bien plus loin qu’à l’aide de mes bonnes vieilles Reebok.

Alors que je me dirigeais vers une épicerie dite européenne, car il existe à Pékin deux chaînes, « Jenny Lou » et « April Gourmet » qui permettent aux expatriés nostalgiques de se procurer leurs shoots de moutarde de Dijon et autre rosette de Lyon ou Bratwurst, j’ai fait un arrêt pour aller voir le temple dont je veux vous parler. Il n’est dans aucun guide européen et pourtant il vaut le détour.

Après avoir laissé mon vélo en marge de la six voies que je longeais, à l’endroit stratégique où je pouvais trouver un passage piéton, je me suis enfoncée dans un hutong, ces petits ensembles en forme de dédales, abritant des habitants « authentiques », de ceux que les étrangers orientés « roots » veulent absolument rencontrer lors de leurs passages dans les pays étrangers… Des maisons basses en pierre grise liserées de rouge, aux ruelles engorgées de linge qui pend aux fenêtres, de véhicules de toute forme où vous croisez le regard méfiant et interessé de ceux que vous voyez.

Et je suis arrivée devant ce temple bouddhiste, vision improbable dans le contexte, construit en 1444 par l’eunuque favori de l’Empereur de l’époque, un des complexes construits en bois les mieux préservé de Pékin.

Comme les paliers successifs du plongeur, passer du bruit de l’avenue au brouhaha du hutong puis à la quiétude du lieu sacré est quelque peu déstabilisant, trois univers adossés les uns aux autres en moins d’un kilomètre, c’est une métaphore de cette ville.

J’ai déjà visité un certain nombre de temples, mais je n’ai jamais eu cette impression aussi vive de transition courte entre un univers et un autre. A part cela, c’est un très beau temple classique dans sa conception, faite d’avant-cour, de bâtiments traversant qui ouvrent sur d’autres cours jusqu’au dernier bâtiment (qui n’est pas toujours le plus important).

Voici le plan du lieu, qui peut être transposé à bien d’autres temples et qui a sûrement servi de modèle à la Cité interdite.

Erigé dans le style de la Dynastie Ming (celle des vases bleus si connus, juste pour vous donner un repère, au pouvoir de 1368 à 1644), le temple est une alternance d’édifices et de cours légèrement arborées, le tout d’un calme absolu avec en prime la beauté des gingko dorés. Déambuler dans cet endroit paisible, lieu de recueillement aux rites pour nous inconnus, mais qui ont quelque chose d’universel, était un vrai bonheur. D’autant plus avec cette impression d’être dans un refuge, comme enserré dans une ville bien différente qui pointait son nez à chaque détour de promenade.

Je vous livre ci-après les images que j’en ai retenues, n’étant pas capable d’aller plus loin dans les explications, mon niveau de chinois ne me le permettant encore pas.

FB

Temple principal
Indra ou Brahma
Brahma ou Indra
Vénération
Contexte
Contexte (bis)