Chine, promenades : Tianjin (2020)

Tianjin, le port de Pékin, est une ville portuaire située à 130 kms à l’Est de la capitale et qui est actuellement créditée de 13 millions d’habitants. Un train rapide relie les deux villes en une trentaine de minutes, ce qui permet d’y passer un court week-end en toute facilité.

Après quelques semaines passées à arpenter ma nouvelle ville, j’ai eu envie de faire un tour ailleurs et mon choix s’est porté sur cette cité maritime (vu qu’elle couvre presque 12 000 m², il est difficile d’apercevoir la mer si vous souhaitez visiter le centre… Donc le fait qu’elle soit maritime reste assez conceptuel). J’ai donc pris des billets de train en ligne (excellent site http://www.travelchinaguide.com, en anglais, grande réactivité et grand sens du service) et réservé un hôtel mythique, l’Astor Hotel, au coeur du quartier de Heping. Je vous donne ici un aperçu de cet endroit où ont séjourné des personnalités politiques chinoises comme Zhou Enlai, Sun Yat-Sen ou l’Impératrice Cixi.

Non non nous sommes bien en Chine
Bar/lounge en forme de club anglais
Escaliers de châtelain(e)
Terrasse privative
Blancheurs de couloirs / résurgence monastique
Le patio dédié aux mariages / résurgence de Las Vegas
Ma chambre

Après un voyage au travers de paysages en devenir, la Chine de ce que je vois pour le moment est faite de cela, de territoires qui bougent à une rapidité digne des sept jours de la création du monde. En moins d’une nuit, la semaine dernière, des ouvriers ont goudronné un kilomètre de trois voies devant mon appartement et en ont refait le marquage. Vous imaginez ces forces à l’oeuvre sur cet immense territoire, qu’il faut conquérir pour faire la place à l’homme. Tout au long du trajet, des excavations béantes, des terrains vagues, des immeubles en construction par dizaines, qui ne laissent en rien présager de ce que je vais découvrir en arrivant dans cet hôtel. Comme un arrêt dans le temps, épargné par les pelleteuses et autres machines, il mêle tradition anglaise (il est situé au coeur de l’ancienne concession de ce pays) et chinoise (ces mariages fastueux au coeur du bâtiment). Comme pour nous dire combien au siècle dernier, l’esprit occidental avait un temps soufflé sur ce pays. Une de mes amies m’a dit qu’il ressemblait à un subtil mélange entre « Shining », « Tintin en Syldavie » et « Las Vegas » ; j’ajouterai pour ma part une bonne dose de Royaume-Unis et nous y sommes 🙂 !

Ce fût une très bonne introduction à ce que je l’allais voir ensuite, une ville immense, impossible à parcourir à pied et à peine en vélo, qui a gardé une enclave ancienne, autour de quartiers formés par les anciennes concessions anglaise, française et japonaise enserrés par une ville chinoise qui surgit en forme de buildings modernes et impersonnels pour faire contrepoint aux constructions de cette ère révolue. Le long de la rivière Haihe, de splendides points de vue se déploient, rythmés là par un pont et ici par des statues que ni Gustave Eiffel, ni Auguste Rodin n’auraient pu renier tout à fait. Le temps splendide de ce week-end augmentait sûrement la beauté de ces promenades qui me faisaient croiser un pont très inspiré du Pont Alexandre III à Paris, adossé à de rutilants gratte-ciel avec quelques mètres plus loin l’ancienne Ambassade d’Autriche-Hongrie, que nous imaginerions bien en plein Salzbourg, ornée de la splendeur des arbres d’automne. Edgar Hoover, qui y a séjourné avant de devenir Président des Etats-Unis a noté dans son journal : « C’est une cité universelle, comme le monde en miniature. S’y côtoient toutes les nationalités, tous les styles architecturaux, toutes les cuisines ». C’est à peu près l’impression que j’y ai eue.

Ville d’histoire, elle a vu l’installation des Européens et des Japonais dans la deuxième partie du XIXe siècle, dont les constructions ont plus ou moins été épargnées pendant l’occupation japonaise à partir de 1937 ainsi que lors de la contre-offensive de l’Armée de libération populaire chinoise en 1949. Elle a également été le refuge de Pu Yi, le dernier Empereur chinois de la Dynastie Qing, qui après avoir abdiqué en 1912 (à l’âge de six ans) et après avoir passé 12 ans prisonnier dans la Cité interdite de Pékin, a obtenu des Japonais qu’ils l’hébergent dans leur enclave jusqu’en 1945, dans plusieurs villas, dont celle-ci.

Par rapport à Pékin, la ville donne une impression d’un mélange culturel plus visible mais aussi d’une aération plus grande (du moins vu d’où j’étais et par rapport au minuscule périmètre que j’ai pu arpenter), paradoxe à première vue puisque la ville n’est pas plus grande, avec des terrasses aux allures de pays chaud où vous pouvez déguster une bière du cru, des promenades de bord de rivière ourlées de pêcheurs plus ou moins attentifs ou des jardins à taille humaine qui donnent l’impression que vous êtes revenus dans votre petit pays, la France. Jusqu’à ce que vous slalomiez sur votre vélo en marge d’une six voies pour rejoindre la tour de la télévision, calquée sur celle de Berlin, et que vous contempliez l’immensité des buildings à perte de vue dans le fog ambiant.

Ville de contrastes, Tianjin (天津) gagne à être connue, même si ce n’était pas une ville touristique bien avant la pandémie que nous vivons.

Je vous livre ci-après quelques photos.

FB

Contrastes, je vous disais, contrastes…
Pollution et ville nouvelle dans le soleil (voilé) couchant, depuis la Tour de la Télévision
I go down to the river
Le pont de la libération, Eiffel n’est pas loin
Plus loin sur la rive, Rodin est tout près
Et encore un peu plus loin vers le Nord, Alexandre III ?
Modernité des arbres