J’aime beaucoup cette image, car elle résume bien des aspects du film que nous allons voir. Une kyrielle de personnages, tous avec leur personnalité, un peu excentriques, un poil dans l’outrance (les couleurs de leurs vêtements qui font comme un arc-en-ciel nous disent tout cela) ; tous liés par des liens familiaux, comme le suggère cet espace resserré (à l’exception de la jeune femme à l’extrême droite de l’image, qui n’est que l’infirmière, ses vêtements un peu cheap la font un peu détonner dans l’ensemble), qui nous donne également la sensation du huis-clos qui va habiter le film. Au centre, dans une posture d’homme fort, Daniel Craig campe Benoît Blanc, celui qui va tout tirer au clair (vu son nom, rien que de normal 😉 ) ; et juste au-dessous, le magnifique Christopher Plummer, 89 printemps, qui incarne le mort, celui qui par sa disparition va précipiter dans le chaos tous ces gens qui soi-disant s’aiment les uns les autres dans un équilibre finalement assez fragile qui atteint ici son point de rupture.
Venons-en à l’histoire. Harlan Thrombey, auteur à succès de romans policier est retrouvé mort, égorgé, dans son bureau ; tout porte à croire à un suicide. Va s’ensuivre, dans cette belle propriété du Massachussets, une enquête pour comprendre les raisons de cette mort, menée par la police du lieu et par un mystérieux détective privé appointé par une personne anonyme.
Nous sommes dans un univers digne d’Agatha Christie ou de Gaston Leroux, espace clos encadrant le crime (une magnifique maison de type anglais, que oui oh oui si on me la cède je m’y installe ! 😉 ), succession d’interrogatoires des différents protagonistes, tous ayant bien sûr quelque chose à cacher – c’est le jeu dans ce genre d’opus. Tous sont assez diserts, étonnamment transparents, n’hésitant pas à livrer, sans être priés plus que cela, leurs petites (ou grandes critiques) sur les autres. Et nous voyons peu à peu l’édifice parfait de cette famille unie s’effriter, comme s’il n’attendait qu’un révélateur pour exploser. Les flash-back de la fête brillante, cosy et légère qui a précédé la mort du patriarche sont eux aussi fissurés par tout ce déballage de vies privées pas toujours propres et cette enquête en forme d’excavation va ramener au jour bien des rancoeurs, ici d’ordre financier, car tout le monde est en dépendance de ce patriarche méga-riche.
Le film va pourtant diverger des opus habituels en y injectant beaucoup d’humour et une certaine dose d’incongruité (cf. la jeune infirmière qui vomit chaque fois qu’elle ment !). Tout est un peu exagéré, y compris le jeu des acteurs, pour créer une sorte de truculence irrésistible.
Le casting est idéal, de Toni Collette à Jamie Lee Curtis, en passant par Michael Shannon et Ana de Armas est très bien en infirmière au lisière de cette famille. Je pense (j’espère) que les comédiens se sont vraiment amusés en nous conduisant dans les méandres de cette enquête.
Très bon film, à recommander.
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