James Gray est un cinéaste américain de l’épopée, qui met dans chacun de ses films un souffle tout à fait particulier. Il a exploré maint et maint genre, le film romantique, le film noir et ici le film de science-fiction, tout en restant fidèle à ce qu’il veut transmettre.
Metteur en scène de l’ampleur, nous pouvons penser qu’il va chercher plus loin ici, jusqu’aux étoiles (traduction du titre latin « Ad astra »), mais c’est dans l’exploration des sentiments qu’il va aller trouver cette dimension supplémentaire.
Roy Mc Bride (Brad Pitt) est un astronaute en apparence complètement insensibilisé devant la peur et le danger, qui s’investit dans son métier jusqu’à en oublier d’avoir une vie. Des voix off qui accompagnent le film et lui donnent un côté méditatif et instrospectif, nous comprendrons que son père (Tommy Lee Jones) faisait partie d’une expédition « LIMA » qui s’est aventurée près de Neptune où il est en apparence décédé. Jusqu’au jour où la NASA lui demande d’entreprendre une mission pour parler à ce père, dont les actions provoquent des surcharges électriques sur terre, mettant en péril la planète. Il va devoir se confronter à son passé et s’ouvrir aux émotions.
Sur le plan de l’anticipation, c’est de la belle ouvrage, images vraiment magnifiques (comparables au superbe « Gravity », voir critique sur ce blog) et anticipation bien dosée, qui se contente de tirer des lignes d’anticipation depuis notre monde ; par exemple, les voyages se font en fusée, mais nous avons l’impression d’être dans un avion de notre époque, la business class existe toujours ! Et tout est à l’avenant, dans une science-fiction qui ne veut pas dire son nom, simplement nous amener dans un univers sans repère, a priori plus froid et codifié que le nôtre, sans couleur ni relief, où l’histoire va pouvoir se développer d’autant plus fortement.
Il est à noter que le cinéaste adopte une manière de filmer qui rend les sujets humains légèrement flous, comme pour les opposer à la netteté « high tech » de cet environnement de demain. En découle une beauté à la fois somptueuse et austère, faite du choc des ces humains fragiles à toute cette technologie insensible.
Peut-on faire un film d’action contemplatif ? Conjuguer les fusées et leur vitesse au lent cheminement sentimental d’un être humain ? La réponse est oui, ici.
Car l’histoire va prendre une profondeur sentimentale très forte, pour s’orienter, après des morceaux de bravoure spectaculaires, dignes d’un blockbuster hollywoodien, vers les retrouvailles de ce fils avec son père.
C’est un film de splendeur, de poésie et du temps qui passe. Il se déploie peu à peu dans son envergure qui finit par nous séduire tout à fait.
En héros invincible et fatigué, Brad Pitt fait merveille. Il porte sur lui toute la destinée de ce fils surplombé par un père finalement inconnu. Et son retour à la vie est merveilleux.
Très bon film, sûrement un peu incompréhensible à ceux qui n’ont pas vu les opus précédents de James Gray.
FB