Peinture : Vilhem HAMMERSHOI (1864-1916)

Voilà une très belle exposition proposée ce printemps par le Musée Jacquemart André, qui n’est pourtant pas vraiment un lieu propice, l’espace dévolu aux manifestations temporaires étant vraiment très exigu. Je suis souvent déçue, car la foule m’empêche souvent de goûter la beauté des oeuvres exposées. Là, peut-être moins de monde, peut-être l’attrait puissant de ce que je voyais, je ne sais… J’ai trouvé ce moment unique, pendant que je partais à la découverte de ce peintre danois si particulier.

Vilhem Hammershoi est un peintre contemplatif comme j’en ai rarement vu. Il nous livre une peinture intemporelle qui se serait dépouillée jusqu’à atteindre le « presque » vide. A côté de lui Vermeer, à qui on l’a comparé, nous paraît fastueux.

C’est un grand économe dans les sujets qu’il choisit. Sa mère, ses soeurs, sa femme et des intérieurs proches de lui. Ce n’est pas un peintre de l’expansion, plutôt de la contraction. Et nous en avons une preuve dans sa propension à effacer des tableaux ou des meubles lorsqu’il peint son intérieur, le trouvant sans doute trop chargé (nous pouvons voir dans les photographies de ce qu’il a représenté, là le gommage d’un tableau, là l’absence d’une table, comme s’il se libérait d’afféteries inutiles). Il recherche l’essence de ce qu’il voit, sans rien ajouter à ce qui est son principal sujet. Il éteint également les couleurs pour laisser la place au blanc et au brun sourds, auquel le noir donne une ponctuation puissante.

Nous sommes dans l’austérité de cet art slave, sûrement surplombé par le Protestantisme et sa rigueur. Qu’il pousse jusqu’au bout, dans un spiritualisme exacerbé. Ainsi ses peintures de nu n’ont rien de sensuel et si nous sentons quelque affection dans sa manière de peindre sa fiancée ou sa mère, cette impression est transcendée par son aspiration à peindre autre chose, qui chercherait plutôt à capter l’âme que le corps.

Les personnages d’ailleurs sont tous en posture méditative, leurs regards ne se croisent pas et ne croisent pas le nôtre, ou alors tellement perdus dans le vague qu’ils passent comme à travers nous. Quand ils ne sont pas de dos… Ou sans visage (voir les nus ci-dessous)… Et quand ils ne sont pas purement et simplement absents.

C’est une peinture austère et épurée qui se concentre sur un univers restreint, comme pour en capter toutes les nuances… L’immensément grand dans l’immensément petit. Elle fait naître un univers contemplatif dans lequel nous avons envie de nous perdre.

Ces tableaux m’ont longtemps hantée.

Merveilleux.

FB

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Intérieur (1896) – sa future femme encadrée par ses deux soeurs

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Portrait d’Ida Ilsted, future femme de l’artiste (1890)

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Intérieur avec la mère de l’artiste (1889)

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Intérieur, rayon de soleil sur le sol (1906)

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Repos (1905)

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Trois études de nus féminins (1909-1910)

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Intérieur, Strandgade 30 (1904)

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La porte blanche (1888)

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Intérieur avec une femme de dos (1889)