Cinémas – Wong KAR-WAI : Chungking express (1994)

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Ce film est le premier que j’ai vu du réalisateur hong-kongais Wong Kar-Wai. A l’époque, en France, au milieu des récits solides et un peu linéaires issus de (très bons) cinéastes, comme Claude Sautet ou Patrice Leconte, par exemple, commençait à se faire jour une tendance plus moderne dans la forme et l’éclatement de l’histoire, avec des réalisateurs comme Arnaud Desplechin pour n’en citer qu’un ; mais c’était encore bien timide.

Le film a donc été un choc quand je l’ai vu à sa sortie et j’ai été contente, en le revoyant plus de vingt ans après, de voir qu’il avait tenu la distance et ne s’était pas évanoui dans les limbes du temps qui passe.

C’est une histoire d’amours qui s’entrecroisent, se fuient, se rapprochent et/ou se rompent dans une atmosphère très romantique. Deux récits successifs dont les personnages principaux sont deux policiers, sans lien entre eux, que nous allons suivre dans leurs aventures amoureuses, le point commun entre eux étant qu’ils se trouvent entre deux liaisons.

Le cinéaste illustre ici tout un imaginaire de l’amour idéalisé. De l’amant laissé sans nouvelles qui collectionne les boîtes d’ananas avec comme date de péremption celle qu’il s’était donnée pour qu’elle revienne… A l’amoureuse qui s’introduit dans le logement de son aimé pour tout savoir de lui et qui finit par modifier son intérieur comme pour s’y loger incognito… Et puis chaque personnage a sa musique, qui n’est pas celle de l’autre. Ce sont ces très belles idées qui parcourent cette histoire, à la fois fétichistes et fleur bleue et qui portent ces personnages pleins de rêves, qui peuvent parler aux objets (ah les scènes où Tony Leung discute avec une simple serpillière pour la consoler, mais si, croyez-le, c’est magique !) et sont hantés par les amours passées et ceux à venir.

La grâce habite le film, elle naît de ce rythme contemplatif, de l’empilement de ces moments d’attente où les héros sont dans l’inaction mais aussi de l’esthétique si particulière impulsée par le metteur en scène avec les très beaux plans qu’il sait construire autour de ses personnages et de cette si belle ville.

Film presque évident dans sa plénitude, il est venu naturellement s’insérer dans mes films favoris.

Je ne peux donc que le recommander.

FB