Promenade mystérieuse au coeur des profondeurs obscures… Dans les 70% d’eau qui couvrent notre planète grouille un univers méconnu fait de poésie pure. Et nous n’en sommes qu’au balbutiements de nos découvertes sous-marines.
Cette exposition au Museum d’histoire naturelle (qui dure jusqu’au 5 janvier) est une plongée dans un monde inconnu et stupéfiant. Un des endroits encore « sauvages » dans notre monde, où explorer l’autre bout de la planète est devenu un passe-temps usuel. Je fais ici un détour dont vous êtes coutumiers… « Tout le malheur de l’homme vient de ne pouvoir rester dans sa chambre, là où est sa place », disait Jean-Jacques Rousseau au XVIIIe siècle pointant la propension de l’Homme à voyager dans une projection qui l’éloigne de lui-même, comme pour éviter de s’affronter. Tendance nettement affirmée de nos jours, où le tourisme est devenu un passe-temps très usuel, bien accompagné par les innovations technologiques qui permettent de casser les prix sur des voyages au fin fond du monde. Dans ce désir effréné de dépaysement, qui n’est qu’un des aboutissements de la mondialisation, s’engouffrent chaque année des millions de gens, dont les traces finissent par changer du tout au tout les pays visités. Ainsi Dubrovnik, par exemple, qui de magnifique ville s’est transformée en cité touristique où l’on peine à frayer son chemin au milieu de nos congénères encombrés de glaces, de barbe à papa et autres souvenirs pseudo-authentiques. Ainsi Barcelone, desservie par des avions low cost, qui peine à gérer le flux de touristes qui déferlent sur ses Ramblas et finit par s’insurger. Ainsi maints autres villes ou lieux, colonisés le temps d’un printemps ou d’un été par des hordes d’étrangers… Mais je m’égare. Ou plutôt pas tant que cela, puisque nous repoussons sans cesse les limites du « connu », tout le monde sera un jour allé au Cambodge, au Pôle Sud, au Canada….
Reste ce monde encore très confidentiel et superbe, très difficile à découvrir, comme l’attestent les balbutiements des siècles précédents pour mettre au point des engins capables d’y transporter l’Homme. Des premiers scaphandres aux engins les plus perfectionnés de notre époque, c’est toute une histoire du désir de l’Homme à explorer ces milieux emplis de mystère qui nous est contée. Qui dit mystère dit danger, comme la littérature du XIXe siècle nous l’a rapporté dans ses plus beaux fleurons, inventant Moby Dick, la baleine blanche inaccessible (Herman Melville, 1851) ou remettant à l’honneur le Kraken, ce poulpe géant capable de couler les bateaux les plus solides qui hante l’imaginaire scandinave depuis le Moyen-Age.
Car l’exposition va nous conduire à la rencontre d’animaux improbables, l’un ayant servi de modèle à l’alien du film éponyme, ou l’autre sorte de crabe rosé à plumes (je ne sais comment le décrire mieux), nous verrons des étoiles de mer nécrophages se ruer sur la carcasse d’une baleine échouée dans le fond de l’océan, des créatures multicolores pas si amicales que cela…
Tout un monde inconnu, attirant et hostile à la fois, un écosystème qui s’est créé ses règles de fonctionnement hors de nos normes… Nous espérons qu’il demeurera ainsi, loin de l’Homme, mais ce n’est pas sûr.
L’exposition est faite pour les jeunes et les moins jeunes, elle embarque tout le monde, via une mise en scène très pédagogique, dans ce voyage si particulier que je n’oublierai pas.
FB