Cinéma – Tim BURTON : Dumbo (2019)

Dumbo

Reprise d’un des grands succès des Studios Walt Disney, sorti en 1941, le film nous narre les aventures improbables d’un éléphanteau aux oreilles démesurées, né dans un cirque, qui après avoir suscité le rejet, finit par gagner la célébrité grâce à un don presque magique, car… Il vole ! (Je ne pense trahir ici aucun suspense 🙂 ).

Pour rajeunir le film qui le contemple du haut de ses quatre-vingt printemps, Tim Burton, à qui les Studios Walt Disney ont confié la gestion de la métamorphose, modifie (plus que) légèrement l’histoire écrite par Helen Aberson en 1939 sans vraiment changer l’apparence ni la personnalité du héros, toujours aussi craquant (voir ci-dessous) ni son aspiration à retrouver sa mère, dont il a été séparé.

Dumbo H Aberson

 

 

 

 

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Car les humains s’en mêlent : au lieu de la petite souris qui apprend à l’éléphant à apprivoiser son don, ce sont les deux enfants d’un cow-boy de cirque revenu manchot de la guerre qui vont veiller sur Dumbo.  Et l’histoire va prendre de l’ampleur autour d’un méchant entrepreneur, pris de folie des grandeurs, qui, obsédé de notoriété (je traduis pour les jeunes : obsédé par le fait de « buzzer« ), est prêt à tout pour avoir l’éléphanteau comme attraction principale dans son cirque à la modernité démesurée.

Quelle excellente idée d’avoir confié la rénovation de ce conte à Tim Burton, ce cinéaste certes inégal, mais empli d’un monde imaginaire aux accents enfantins (avec tout ce que cela comporte de douleur et de tristesse aussi, à côté de la joie essentielle). Il en épouse parfaitement la forme pour la faire entrer en même temps dans son univers. Il trouve là une juste mesure, peut-être pour pouvoir respecter cette histoire qui lui est étrangère, qu’il n’a pas créée, et ne se laisse pas emporter par des débordements excessifs (comme dans « Charlie et la chocolaterie » en 2005). Tout ici est équilibre.

Et en même temps nous sommes plongés dans son monde bien particulier. Nous sentons qu’il a adoré ce contexte du cirque qui l’a inspiré, ces personnages originaux et hors normes, qui lui donnent l’occasion de créer des séquences emplies de merveilleux. Danny de Vito est excellent en patron au grand coeur, un rien « bordélique » de ce cirque à l’ancienne, un peu « déplumé ».

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Fernand Pelez – Les saltimbanques (1888)

En même temps, nous retrouvons dans le cirque futuriste voulu par V. A. Vandevere, un peu de l’atmosphère des films de Batman et le personnage lui-même a la trempe des « méchants » issus de cet univers (faut-il prendre comme une citation le fait d’avoir confié le rôle du dandy méchant à Michaël Keaton, acteur éponyme de Batman ?). Faisant ainsi basculer l’histoire d’un univers d’enfant vers quelque chose de plus grandiose (et peut-être de plus noir), le cinéaste donne plus d’ampleur à ce que nous voyons.

Bien sûr, n’oublions pas le plaidoyer pour la Nature, tellement à la mode aujourd’hui. Dumbo retrouvera sa mère, comme dans l’opus initial, mais ils seront rendus à la liberté dans un pays sauvage non identifié.

Il ne sera pourtant pas ici question d’aborder des questions sociales ou sociétales, juste effleurées, la guerre de 14/18, la récession, la montée du capitalisme restant en marge du film ; nous sommes dans un conte pour enfants et ce n’est pas le propos.

Une belle réussite, vraiment. Très contente de retrouver Tim Burton dans toute sa subtilité.

FB