A Dominique, qui m’a fait découvrir cet opus
Voilà un livre réjouissant. Ecrit par une avocate pénaliste, dont nous sentons le métier au fil des pages, ce qui donne à ce roman une épaisseur de vérité, comme un vécu (par procuration ?).
Patience Portefeux, quinquagénaire, travaille comme traductrice de l’Arabe pour le Ministère de la Justice. Entre un amant policier occasionnel, deux filles qui n’habitent plus avec elle et une mère en maison de retraite médicalisée, Patience est assez solitaire, enfermée dans son métier fait d’heures à transcrire des conversations entre malfrats. Un jour s’offre à elle l’occasion de changer sa vie en devenant elle-même une figure du grand bandistisme, « La Daronne », selon le nom qu’elle se choisit pour entrer dans cette profession.
Classé dans la catégorie « Polars », le livre est plutôt une l’histoire d’une trajectoire individuelle, celle d’une femme qui décide de passer les bornes qui séparent le « bien » du « mal » (en termes de morale) ; par ennui ? Par désespoir ? Pour pimenter sa vie ? Sûrement un peu de tout cela à la fois. Mais aussi, interprétation personnelle, pour protester contre cette inégalité sociale qui veut qu’elle, avec son travail harassant à plein temps, n’arrive pas à s’en sortir, alors que de petites frappes, en quelques coups bien juteux parviennent à se faire une vie tout à fait confortable. Coincée dans une vie sans espoir, elle se dit pourquoi pas moi ? Naviguant entre producteurs marocains de drogue et revendeurs parisiens, elle va retrouver un sens à sa vie, tout en adrénaline et en mouvement. Et recouvrer sa dignité.
L’écriture est alerte et simple et colle parfaitement à l’histoire. Comme déjà évoqué, il est certain que la profession de l’écrivain lui permet d’émailler le récit de notations justes, « qui font vrai ».
Croisade singulière qui fait un pied de nez à la morale, celle d’une femme décidée, héroïne un peu inédite d’une aventure hors norme.
J’ai beaucoup aimé.
FB