Vous dire que j’ai couru voir ce film est peu dire ! J’ai une passion pour Juliette Binoche, cette actrice que j’ai découverte en 1986 dans « Mauvais sang » de Leos Carax, où elle incarnait déjà bien des possibles féminins.
Ici, elle est Claire, une professeur de Français, la cinquantaine, mère de deux enfants et quittée par son mari, quelque temps auparavant. Elle fréquente Ludovic, un homme plus jeune qu’elle, de loin en loin. Vexée par son indifférence, elle va s’inventer un avatar plus jeune sur Facebook, pour capter ses amis et en savoir plus sur lui. Elle rencontre ainsi virtuellement Alex, la vingtaine, et entame avec lui une histoire amoureuse à distance sous sa fausse identité.
Je suis très partagée…
Tout cela partait assez bien, une belle réflexion sur une femme de cinquante ans blessée par le départ de son mari pour une femme de loin sa cadette et qui n’a pas envie de renoncer à une vie amoureuse de jeune fille. Quelques allusions assez subtiles à Choderlos de Laclos (écrivain français du XVIIIe siècle, auteur des « Liaisons dangereuses » où tout est faux semblant) m’ont fait espérer une réflexion sur les réseaux sociaux et tous les jeux de vrai et faux qu’ils permettent.
Et puis, il y a Juliette Binoche, absolument remarquable. Elle parvient, presque sans accessoire ni maquillage particulier, à se métamorphoser en femme amoureuse et belle. A fleur de peau, toujours juste, elle sait retranscrire les états d’âme successifs de Claire, tour à tour désespérée et heureuse. Quel talent !
Pour le reste, j’ai dit plus haut que cela démarrait bien, ce qui vous laisse à penser que le film ne va pas tenir ses promesses. Et c’est bien le cas, car se multiplient à partir du milieu du film quiproquos, révélations et coups de théâtre qui nous donnent envie de dire : n’en jetez plus ! Nous perdons le fil et du film et de l’héroïne, que nous ne reconnaissons plus, trop de complexité tue la complexité.
Les dialogues entre Claire et sa thérapeute (Nicole Garcia), auxquels nous assisterons périodiquement, sont plats et sans vérité, accentuant encore l’aspect superficiel de l’ensemble…
Donc à réserver pour les fans de Juliette.
FB