Arts plastiques : Peter Fischli et David Weiss : Le cours des choses (1987)

Peter Fischli (1952-) et David Weiss (1946-) sont deux artistes suisses de Zürich qui ont commencé leur collaboration en 1979.

J’ai pu voir au GoMA (Gallery of Modern Art) à Glasgow, une de leurs oeuvres, une vidéo de 30 minutes réalisée en 1987, vraiment intéressante.

Cette vidéo, sonorisée, où ne sont montrés que des objets, est basée sur l’effet domino : un objet va interagir avec un autre, qui lui même va en mettre en mouvement un troisième, etc. Il est possible de trouver sur internet un certain nombre de vidéos  similaires (postérieures à celle-ci).

Ici, en plus de la prouesse technique sur laquelle je reviendrai, l’oeuvre nous dit autre chose. Les matériaux et objets utilisés sont à vocation industrielle (échelle métallique, pneu, bassine, chaise, ballon gonflable) voire issus de déchets (poubelle) et parfois toxiques (neige carbonique, eau de javel, liquides corrosifs…). Tout cela dans un hangar sans aménagement particulier, qui accentue encore le côté très brut de ce que nous voyons.

Car une dimension importante ici est l’opposition faite entre des Lois de la nature (nous sommes comme dans une expérience scientifique en forme de réaction en chaîne) et les objets manufacturés qui portent cette expérience ; comme pour nous dire qu’industrie et nature sont régies par les mêmes contraintes et les mêmes réactions. Les objets, dans leur mouvement, font d’ailleurs naître des îles, des volcans, des cascades ou des nuages de fumée, à l’instar de la Nature. Ils ont aussi leur mouvement propre, comme ayant échappé aux Hommes qui les ont créés et obéissent à une mécanique d’ensemble qu’ils organisent eux-mêmes.

La confrontation entre ces différents concepts s’avère passionnante ; la longueur de la vidéo renforce encore toutes ces impressions.

Ajoutons à cela l’incroyable maîtrise technique que suppose une telle création. Tout est calculé au millimètre en termes de cinétique et de réactions chimiques, cette oeuvre ayant dû donner lieu à maintes et maintes répétitions.

Cela m’a fait beaucoup réfléchir ; mais n’est-ce pas le propre de l’art ?

FB