
Vues depuis le Lighthouse

Rives de la Clyde
Voyager en Ecosse évoque pour nous Edimbourg, les vastes paysages de lande ourlés de bruyère, les rudes falaises tombant à pic dans des mers bleues et grises, les lochs sinueux aux eaux changeantes, mais plus rarement, la ville la plus grande du pays, Glasgow.
Planait sur elle en effet jusqu’à il y a peu une image de ville pauvre et dangereuse, qu’elle a acquise dans les années 1960/1980, quand elle a été exposée à une récession sans précédent, prise dans la spirale de la désindustrialisation, du chômage, de la pauvreté et de la violence. Par opposition à l’aristocratique et royale Edimbourg, elle apparaissait comme une cité prolétaire.
Depuis, la ville, qui connaît un vrai rebond économique, renaît, dépoussiérant et sortant de l’oubli un patrimoine érigé pendant la grande période de prospérité qu’elle a connue à partir du XVIIIe siècle, lorsque la Clyde fourmillait de bateaux chargés de sucre, de coton, de cacao, en provenance des contrées lointaines du Commonwealth et que les aciéries et autres usines tournaient à plein régime.
Les bâtisseurs du XIXe siècle ont érigé des structures solides, où l’ingénieur se laisse voir autant que l’architecte, de grands édifices sobres sans coquetterie, destinés à témoigner de la richesse de la ville dans la durée ; à l’image de ce peuple confronté à la rudesse de son environnement, ces monuments et immeubles sont économes dans leur apparence et robustes.

Le chardon, emblème de l’Ecosse, lui aussi robuste et simple
Faits de pierre blanche, rouge sombre, jaune orangée et noire, quadrilogie colorée qui rythme la ville, ils s’allient parfaitement à des temps de pluie ou de grisaille mais ne dédaignent pas un rayon de soleil qui les illuminent, leur arrachant presque un sourire pimpant.

Couleurs citadines
Le temps gris reste quand même l’ordinaire et contribue à donner à certains monuments (la Cathédrale, l’Hôpital royal, par exemple) des allures mystérieuses, comme tout droit sortis de légendes de l’au-delà.

Cathédrale et Hôpital

Nécropole (avec une vue magnifique sur la ville)

L’Université (qui a inspiré l’Ecole « Poudlard » dans Harry Potter)
S’il reste quelques structures industrielles dans la ville, elle se sont faites discrètes, entrepôts reconvertis en magasins ou bars, par exemple. Seules quelques usines en bordure nous rappellent ce passé.
Au coeur de cette ville ancienne, auxquelles viennent se mêler des structures nouvelles, dont l’acier et le verre ponctuent les larges rues, passe un vent de dynamisme. C’est une ville qui bouge et va de l’avant, avec un grand mouvement de rénovation du centre ville et des rives de la Clyde, des programme de lutte contre la violence et d’amélioration de l’insertion des populations les plus défavorisées, des mouvements de promotion de la riche culture de la ville, au travers des musées mais également de la scène musicale (la ville compte en effet nombre de groupes devenus célèbres, « Simple Minds », « Franz Ferdinand », « Mogwai », « Travis », « Belle et Sebastian », pour ne citer que les plus connus).
Les pubs qui ponctuent les rues, laissant entrevoir leur chaude atmosphère, comme une invitation pour le passant qui les croise dans le froid ou l’obscurité, programment nombre de concerts tout au long des jours.

The West brewery, une des meilleures bières de la ville
Les pubs, parlons-en, une institution qui connaît maintenant sa version plus moderne (et souvent plus chère) en forme de bars spacieux à la déco contemporaine et qui est un pivot de la sociabilité. Tout le monde sort dans ces endroits, la grand-mère et son petit-fils, les couples, les amis, qui commencent à boire de grandes pintes de bière parfois très tôt dans l’après-midi (du moins le week-end). Ce sont des lieux où l’on se rassemble, des endroits de partage et de communication, bien plus que nos cafés et bars.
En cheminant dans le centre de cette cité, vous croiserez également la figure emblématique de Charles Rennie Mackintosh (1868-1928), architecte, designer d’intérieur, un des représentants majeurs de l’Art Nouveau en Europe. Il a semé dans la ville comme un jeu de piste pour le découvrir d’oeuvre en oeuvre. Fidèle à son héritage glaswegien, il conçoit des formes sobres et épurées pourtant tout à fait nouvelles et inédites.

House for an art lover

Daily Record Building

Scotland Street School

Mackintosh at the Willows
Le Musée de Kelvingrove, impressionnant bâtiment du XIXe siècle vous permettra de voir de beaux exemples des réalisations de l’architecte (visibles également à la Mackintosh House et à Mackintosh at The Willows).

Le spectaculaire hall du Kelvingrove Museum
Vous pourrez également voir de belles oeuvres des « Glasgow Boys » (peintres écossais de la fin du XIXe siècle).

E.A. Hornel : The coming of the Spring (1899)

John Lavery : Anna Pavlova (1910)

Macaulay Stevenson : Moonrise (1892/1900)

George Henry et E.A. Hornel : The Druids (1890)
Terminons par un peu d’humour, car les Ecossais sont des gens chaleureux (certains vous sourient dans la rue) et qui savent ne pas se prendre au sérieux.
La statue de Wellington : tous les jours, la Municipalité la retrouvait coiffée d’un plot orange et blanc, malgré ses efforts constants pour l’enlever. Elle a fini par céder et laisser le plot en place ; c’est aujourd’hui devenu un des symboles de la ville.
Le métro de Glasgow, constitué d’une seule ligne circulaire (10 kilomètres) est un des plus anciens du monde (et sûrement un des plus exigus). Il a été surnommé « The Clockwork Orange » (Orange mécanique), en référence à sa couleur.
Je ne peux que recommander cette destination (encore) à l’écart des sentiers battus (et parfois trop rebattus). Si vous savez aller à sa rencontre, la ville vous livrera toute sa beauté cachée.
Quelques adresses
- Nécropole (inspirée du Père Lachaise, c’est une des plus grandes nécropoles d’Europe avec 50 000 personnes enterrées ici au XIXe siècle)
- Glasgow University
- Kelvingrove art Gallery and Museum (ne pas manquer la collection Mackintosh ni les peintures locales, dont celles des « Glasgow boys »)
- Concernant les oeuvres de Mackintosh, pour citer celles que j’ai vues :
- Mackintosh House (près de l’Université)
- House for an art lover (10 Dumbreck Road)
- Martyr’s School (Parson Street)
- The Lighthouse (préférez monter par l’escalier pour une vue formidable sur la ville)
- Glasgow School of art (fermé pour cause d’incendie)
- Scotland Street School
- Mackintosh at the Willows
- Daily Record Building
- Pour en savoir plus : https://www.crmsociety.com/
- Différents immeubles à voir entre autres dans le coeur de la ville :
- Egyptian Hall (118 Union St)
- Old Athenaeum (179 Buchanan St)
- 84, 122/128 et 144 Saint-Vincent St
- Mercantile Chambers (39/69 Bothwell St)
- Atlantic Chambers (45 Hope St)
FB
Grand merci pour cette visite qui me réconcilie avec une ville que je tenais pour laidement post-industrielle. C’est tout le contraire qui transparaît dans le texte et les très belles photos. Seul hic là-bas, c’est qu’il parle un anglais dont je ne saisis pas toujours le sens (vieux souvenir d’une interview avec les Mogwai, ou je n’entravais pas un traître mot de leur réponse 😅).
« ils parlent » voulais-je dire. 🙄