Rue de Trévise, 9 h ce samedi 12 janvier. J’habite à moins de 50 mètres de la boulangerie qui a explosé. Réveil en sursaut face à la déflagration inhumaine, hurlements dans la rue, toutes les vitrines tombées par terre en éclats de verre. J’ai quitté mon appartement sur le champ dans une impression de guerre, gravats et épaisse fumée à l’horizon.
Un attentat ? C’est la première chose qui vient à l’idée. Mais non, trop absurde, la boulangerie est fermée le week-end et il n’y a presque personne dans les rues. Je ne savais pas encore qu’il s’agissait d’une fuite de gaz et que deux pompiers y laisseraient leur vie, leurs jeunes vies de 27 et 28 ans. Quatre morts pour le moment et cinquante blessés…
Je veux ici leur rendre hommage et également à tous ces corps, gendarmerie, police et pompiers qui étaient sur les lieux en si peu de temps (15 minutes à peine), anticipant les mouvements prévisibles des gilets jaunes et les probables difficultés qu’ils poseraient pour les opérations, en frêtant des hélicoptères posés de manière incongrue sur la Place de l’Opéra. Les gilets jaunes, parlons-en, les croiser sur les boulevards après une telle scène de destruction était presque dérisoire.
Les premières personnes sur les lieux ont eu comme réflexe de dégainer leur téléphone portable pour prendre des photos et filmer, tels des charognards, quelques minutes après la catastrophe… J’en ai insulté trois, pour le respect des victimes et cela m’a fait du bien.
Je n’ai pas eu de dégâts matériels dans mon appartement, je n’ai pas été blessée physiquement, j‘ai pu réintégrer mon domicile samedi soir.
Je n’ai pas ressenti le besoin de témoigner ni de prendre des photos, mon entourage a été là et je remercie tout le monde.
Pourtant je n’oublierai pas.
FB
Poignant témoignage, respectueux, qui fait hommage aux victimes.
Tout mon soutien pour soigner les cicatrices intérieures qui s’ouvrent après ce genre de drame.