Musique – Steve REICH : Drumming (1974)

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Sans vouloir écrire ici un essai sur Steve Reich (né en 1936), compositeur américain contemporain à l’immense retentissement, je voudrai en dégager quelques caractéristiques pour mieux vous parler de cette oeuvre à laquelle j’ai eu le plaisir d’assister dimanche dernier. C’est un homme d’une grande culture, qui a étudié la philosophie puis la musique, à la Julliard School of Music de New-York. Son oeuvre tourne autour du rythme, il a étudié les percussions dans sa jeunesse et est un des premiers représentants de la musique « minimaliste » où les pulsations créent des motifs courts et répétitifs en apparence. Ses influences musicales sont très diverses, plongeant dans la musique classique occidentale (Moyen-Age, Jean-Sébastien Bach), dans le jazz (John Coltrane), et dans la musique du monde  (juste avant de composer cette pièce, Steve Reich a fait un séjour au Ghana pour découvrir les percussions africaines). Le compositeur introduit ici  toutes ces tendances, autour d’un axe fort pour lui, ce qu’il appelle le « décalage graduel », créé par le déphasage progressif des lignes musicales portées par les différents instruments, au départ accordés en rythme, jusqu’à créer des motifs musicaux nouveaux (si vous ne comprenez pas, ce que j’admet tout à fait, écoutez l’extrait plus bas).

Au départ, un percussionniste, puis deux, trois et quatre, vont répéter le même motif en apparence, avec des variantes insensibles, gardant toujours une ligne de force dans le rythme donné, qui peut lui même varier.

C’est peut-être un moment ultime dans la musique, quand il ne reste plus que « l’os », que la « colonne vertébrale », le rythme tout puissant qui nous envahit. Une déconstruction de la musique telle qu’elle était connue jusque-là en tant que « musique classique », qui lui permet de s’ouvrir vers d’autres univers, l’Afrique, les Caraïbes, l’Asie… Cela n’est pas sans rappeler le « tarab », base de nombre de chansons arabes, fondées sur la répétition d’une ligne musicale, destinée à emmener l’auditoire vers l’extase.

A titre d’exemple, un titre de Sabah Fakhri, un des chanteurs syriens les plus connus.

L’oeuvre de Steve Reich veut retrouver la simplicité, peut-être pour devenir abordable à tout le monde (bien qu’elle soit très pensée et intellectuelle), elle devient universelle, toute en puissance et énergie (j’ai pensé au flamenco) et questionne la limite entre nature et culture, entre beauté et instinct.

L’interprétation donnée ici de cette oeuvre en trois parties nous faisait passer des percussions telluriques jusqu’au son plus cristallin des marimbas (xylophone africain) jusqu’au son éthéré des glockenspiels (xylophones de métal), comme si une élévation de la terre vers le ciel parcourait l’oeuvre.

J’ai adoré ce moment.

FB

The Cole Conservatory New Music Ensemble (Directed by Dr. Dave Gerhart) performs Steve Reich’s Drumming, movement 1