A mon retour en France, depuis la Russie, j’ai regardé les programmes de cinéma, et sortait cette semaine-là un film russe ; j’aime beaucoup ces coïncidences spatio-temporelles qui permettent de prolonger le voyage (dans le registre lectures, je me suis plongée dans « Crime et châtiment » de Fedor Dostoïevsky et dévoré « Un héros de notre temps » de Mikhaïl Lermontov à cette fin) ; j’avais déjà fait cette expérience à mon retour de Bulgarie, en allant voir « Taxi Sofia » (article disponible sur ce blog).
C’est ici un film fiévreux qui nous emmène au coeur du jeune couple formé par Oleg et Katia, le premier urgentiste et la deuxième médecin dans le même hôpital. Entre eux, rien ne va plus et la crise éclate à l’occasion de l’anniversaire du père de Katia. Nous allons suivre les péripéties de ces aventures sentimentales mouvementées.
Je dois dire que je n’avais pas vu depuis longtemps une aussi belle histoire d’amour, contrariée et dont l’issue restera incertaine jusqu’au dénouement (je ne vous en dirai pas plus !). L’arythmie du titre est ici, en premier lieu, les coeurs des deux amants ne battent plus de manière régulière et au diapason, ils s’éloignent et ne se comprennent plus.
Le deuxième pan du récit explore le quotidien professionnel des deux protagonistes, avec une prépondérance pour celui d’Oleg, que nous suivrons dans ses interventions à domicile. Médecin brillant mais n’en faisant qu’à sa tête, il finit par se heurter au système (absurde, certes), lorsque est nommé un nouveau directeur du service des urgences, qui cherche la performance et la productivité (et oui, ici aussi…) et ne veut plus couvrir les frasques de l’urgentiste. Notons que les scènes d’intervention des urgentistes sont passionnantes, sur ce qu’elles disent de la société russe notamment. Le titre prend ici une deuxième acception, exprimant le décalage d’Oleg à son métier, tel qu’il est régulé.
Oleg est un homme qui ne se sent plus en phase avec le monde qui l’entoure, tant dans sa sphère privée que dans son microcosme professionnel ; il boit pour oublier (vous me direz que les Russes boivent beaucoup, et nous le verrons d’ailleurs ici, mais lui dépasse la limite). Nous suivons ses dérapages plein de tension, sans savoir ce qu’il va advenir de lui.
Oleg, c’est un formidable acteur, Alexander Yatsenko, qui le porte, tout en force contenu et plein de séduction. Epaulé par Irina Gorbatcheva, belle prestation en tant que Katia, il nous emmène dans cette histoire qui ne nous lâchera pas jusqu’à la fin.
Très bon film.
FB