Quelque part en Bourgogne, en 1809, le capitaine Neuville (Jean Dujardin) demande en mariage Pauline Beaugrand (Noémie Merlant), la plus jeune fille d’une famille de la haute bourgeoisie, avant d’être requis immédiatement après par son devoir ; il rejoint alors l’armée napoléonienne en Autriche, jurant d’écrire à sa fiancée. Mais les lettres n’arrivent pas et la future épousée se languit tant que sa soeur aînée (Mélanie Laurent) se met à rédiger ces fameuses missives, inventant au capitaine une vie débridée…
Ce film, vraiment réussi, est en quelque sorte un hybride entre plusieurs oeuvres (qui sont d’ailleurs créditées au générique ; mais je les avais trouvées toute seule, 😉 ). Tout d’abord Jane Austen, bien sûr, à laquelle renvoient explicitement l’époque, les costumes et les décors (notons qu’en Bourgogne comme en Angleterre, il fait toujours beau et tempéré !) ainsi que l’intrigue amoureuse et le commerce épistolaire, qui fait la majorité des rebondissements de l’histoire. Notons également que la fille aînée s’appelle Elisabeth, sûrement en référence à Elizabeth Bennett, qui dans « Orgueil et préjugés », fait preuve d’une grand indépendance d’esprit et se montre, selon moi, la plus affirmée des héroïnes de Jane Austen. Enfin, l’imagination sans limite d’Elisabeth renvoie à Catherine Morland (« Northanger Abbey »), où l’écrivain égratigne les romans gothiques de l’époque (notamment ceux d’Ann Radcliffe).
Citons ensuite Jean-Paul Rappeneau, ce cinéaste français né en 1932, à la filmographie pleine de fantaisie et de rythme, le présent opus faisant furieusement penser aux « Mariés de l’an II » (1971), où Marlène Jobert et Jean-Paul Belmondo rivalisaient de drôlerie.
Le mélange de tous ces genres fait également mouche, la délicatesse de l’esprit anglais rencontrant de plein fouet la trivialité sexuelle, bien loin de la retenue attendue. De plus, si l’héroïne se montre plutôt juste et droite, on ne peut pas en dire autant du héros… Un film en forme de « dynamitage » des références citées plus haut, avec une très grande justesse.
C’est un film enlevé et irrésistible que nous voyons ici, porté par des comédiens pétillants, parmi lesquels le duo Mélanie Laurent/Jean Dujardin fait merveille, escortés par des seconds rôles au diapason (nous sommes heureux de revoir Evelyne Buyle et Christian Bujeau, impeccables et d’accueillir au cinéma Christophe Montenez, ici dans un petit rôle, mais qui avait crevé les planches de la Comédie Française l’an dernier pour sa prestation dans « Les damnés »).
A voir, donc.
FB