Issus de la Division informatique de Lucasfilm Ltd, qui avait embauché dans les années 1980/1990 des chercheurs en graphisme informatique, les Studios Pixar (détenus depuis 2006 par Disney), ont d’abord subi de lourdes pertes financières avant de produire « Toy story » en 1995. Suivront alors des films d’animation brillants que nous connaissons tous : « Monstres et Cie » (2001), « Le monde de Nemo » (2003), « Les indestructibles » (2004), « Cars » (2006), « Ratatouille » (2007), « Wall-E » (2008), « Là-haut » (2009), « Rebelle » (2012), « Vice-versa » (2015), pour ne citer que ceux que j’ai vus.
C’est encore une petite merveille qui nous est livrée ici.
Miguel est un petit garçon, fils d’une famille de cordonniers/bottiers vivant dans le petit village de Santa Cecilia au Mexique, qui abrite un drame généalogique ancien : une des aïeules, fondatrice de la vocation professionnelle de la famille, a été abandonnée par son mari, mariachi, parti courir le monde à la recherche de la gloire. Il a également laissé derrière lui sa petite fille « Coco » qui est maintenant une bien vieille dame. Depuis, la musique a été bannie par la famille, alors que Miguel n’aspire qu’à être musicien pour suivre les traces du célèbre Ernesto de la Cruz. Lors du « Día de los muertos » (cérémonie de début novembre où l’on honore les morts, en leur offrant des présents et où l’on communie avec eux), il va passer de l’autre côté, rejoindre le monde de ces morts qui jouxte celui des vivants…

Miguel et (une partie de) sa famille d’outre-tombe
Dire que c’est un film visuellement magnifique est peu dire. Se saisissant des codes très colorés de la culture mexicaine, il nous livre une féerie acidulée d’une grande beauté. La scène d’ouverture, qui retrace le drame familial évoqué plus haut, à base de papiers colorés découpés est un avant-goût de ce qui va suivre.

La ville des morts vu du tramway volant

Et vue de hauteur d’enfant (et de chien)…
Miguel se montre, comme les héros de ces films, brave, indépendant et trop mignon !
L’histoire est rythmée, on ne s’ennuie pas, les rebondissements se succèdent pour notre plus grand plaisir…
Il existe peut-être un deuxième niveau de lecture de ce divertissement (qui se suffit déjà à lui-même). Car il me semble porter en lui deux leçons qui vont à contre-courant des tendances actuelles.
En premier lieu, l’importance de la filiation et de la famille. A notre époque où cela est devenu très relatif – au gré des divorces engendrant des familles recomposées, de la dévalorisation des personnes âgées qui pousse à se détourner de ses aînés au nom d’un jeunisme et d’un individualisme préoccupants de mon point de vue, et de ces recherches scientifiques, qui donnent aujourd’hui par exemple la « gestation pour autrui » (GPA), et demain peut-être le clonage ? – le film nous rappelle l’importance d’avoir une famille aux racines solides où tout le monde veille sur les autres.
Et en second lieu, je trouve particulièrement bien venu et ironique à la fois qu’un film produit par une « major » américaine fasse la belle part au Mexique, pays vilipendé par l’actuel Président, Donald Trump. Idée renforcée par le fait que les personnages émaillent leurs phrases d’expressions en langue espagnole (sans sous-titre !). N’oublions pas que près de 20% des habitants des Etats-Unis sont hispaniques ; est-ce une tentative de Pixar pour les « draguer » (au sens premier du terme, sinon je ne me permettrai pas 😉 ) ? Je ne sais, mais cela en fait de mon point de vue un film politique.
A voir pour toutes ces raisons.
FB