Voilà un tandem de frères prolifique et touche-à-tout. L’un est professeur de guitare, écrivain, acteur et metteur en scène ; l’autre scénariste, acteur et directeur de casting. Chapeau bas pour la diversité !
Ils ont réalisé à quatre mains deux films, « La délicatesse » (2011), qui ne m’avait pas convaincue, je dois le dire, et le présent opus. Dans les deux, il est question de la complexité des relations humaines, traitée sur un mode à la fois habituel et profond.
A l’ouverture du film, Nathalie, approchant de la cinquantaine, professeur de lettres en Khâgne à Paris et divorcée, fête les dix-huit ans de sa fille Mathilde, danseuse talentueuse, avec un certain nombre d’invités, parmi lesquels nous faisons connaissance avec la majorité des protagonistes : Jean-Pierre (Thibaut de Montalembert), son ex-mari, remarié à une femme plus jeune, Isabelle (Marie-Julie Baup), Sophie, sa meilleure amie et son mari, ainsi que Félix, le petit ami de Mathilde. A partir de cette scène initiale, chaleureuse et amicale, tout va déraper. Mathilde, en proie à un mal-être dont elle ne comprend pas l’origine, va se révéler impulsive, agressive, voire méchante avec les personnes qui l’entourent, comme si elle était hors d’elle-même. Traversée d’un irrésistible besoin de blesser les autres, elle fait peu à peu le vide autour d’elle, et ses excuses multiples, dictées par le remord, finissent par ne plus fonctionner…
C’est le portrait d’une femme attachante, qui a réussi beaucoup de choses comme sa fille, son métier, ses amis sont là pour en témoigner. Et pourtant, et pourtant, c’est comme s’il lui manquait l’essentiel. Confrontée au temps qui passe, aux femmes plus jeunes qui prennent la place (Isabelle auprès de son ex-mari, Mélanie – Anaïs Demoustier- dans son entourage professionnel), approchant de la ménopause, une étape difficile dans la vie d’une femme qui la fait basculer dans l’âge mûr, elle se retrouve seule, sans conjoint, dans un cercle où chacun a trouvé sa chacune. Et c’est cette souffrance, qu’elle ne comprend pas et contre laquelle elle lutte, qui nous est montrée ici. Bien sûr, ce que j’ai développé ci-dessus en termes de tentative d’étiologie ne suffit pas à expliquer l’état dans lequel elle se retrouve, ce sont des indices contextuels donnés par le scénario, qui très subtilement, n’assène rien en la matière.
A cette femme solaire, qui se débat dans ses difficultés, Karin Viard prête vie. La comédienne est absolument excellente ici (certains diront que le rôle lui allait comme un gant, certes), oscillant entre humour et désespoir, comme une battante qui refuse de s’effondrer et reste debout malgré les obstacles. Elle fait naître le rire comme l’émotion, parfois dans la même scène, en forme de tour de force.
Car l’espoir n’a pas déserté le champ de bataille. Nathalie, battante s’il en est, finira par s’adoucir, lâcher prise pour mieux repartir. C’est auprès d’autres femmes, plus âgées, qu’elle va trouver cette douceur et c’est magnifique.
Autour de l’actrice principale, un casting impeccable qui accompagne cette performance.
A voir.
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