Cinémas – Arthur DE PINS et Alexis DUCORD : Zombillenium (2017)

zombillenium

Zombillenium, parc d’attraction où se côtoient vampires, zombies et autres créatures pas tout à fait comme nous, ayant pour point commun d’avoir vendu leur âme au Diable, est en pleine crise. Il ne fait plus recette et le directeur doit trouver un moyen de le sauver, sous peine de devoir envoyer en Enfer tous les employés. Débarque alors, par coïncidence, Hector Sachs, contrôleur de sécurité, qui veut fermer l’établissement. Transformé en zombie, il va rejoindre le parc et aider à son sauvetage, tout en ayant pour but de revoir sa petite fille, Lucie, pensionnaire dans la ville voisine.

Né de la bande dessinée éponyme d’Arthur De Pins, ce court dessin animé (une heure vingt) est un délice. Bâti autour d’une histoire assez classique, il est surtout remarquable par la manière de camper les personnages et par nombre de petites notations burlesques, souvent en résonance avec notre monde.

Il est possible d’y voir une critique sociale : ce monde idéal où vivaient ensemble zombies et vampires, par exemple, explose en une lutte des races (classes ?) sans merci ; notre monde du travail se retrouve plaqué sur ce monde étrange, avec sa cohorte de CDD, pauses café, stages « un peu » pistonnés, délégués du personnel, temps de travail, revendications et grèves sociales. Notons enfin une irruption de notre modèle de capitalisme, sous la forme d’investisseurs bien typés (Moyen-Orient, Asie, jeune dirigeant de start-up). Tout cela est enlevé et très drôle.

Il y a plus ; une volonté de moderniser le genre, palpable par exemple au travers de la musique, qui du blues au heavy metal, en passant par le rock, explore les répertoires de notre temps (nous sommes bien loin des mélodies sucrées de Disney, et tant mieux 😉 ). Mais aussi dans la peinture de ces touristes qui débarquent en cohortes dans le parc, armés de leurs smartphones pour mieux triompher au concours de selfies. Ou encore dans le personnage de Steven, le vampire tête d’affiche, joli coeur un peu sombre qui n’est pas sans rappeler Robert Pattinson dans la série des Twilight (Edward Cullen, 2008-2012).

Notons également la beauté des images, notamment celles qui mettent en scène l’apprentie sorcière Gretchen dans ses prouesses musicales.

Embarquant avec bonheur et justesse des références à notre monde actuel, à la cinématographie (Twilight, cité plus haut, mais aussi Jupiter des « soeurs » Wachowski (1), par exemple),

Et puis, et puis, c’est bien une oeuvre française, ponctuée par des images qui ne sont qu’à nous. Celle du paysan chasseur, en camionnette Citroën, le café de quartier où les habitués viennent se jeter un petit noir ou un ballon de rouge, selon les heures (et encore, cela dépend !), toutes choses qui ancrent ce film totalement fantaisiste dans une réalité de terroir.

Très jolie découverte.

FB

(1) Deux frères qui sont devenus deux soeurs : Andy est maintenant Lilly et Larry, Lana ; double métamorphose qui laisse perplexe…