Voilà une bonne comédie française comme on les aime. Sans prétention, sauf celle de nous faire exercer nos zygomatiques.
Erwan (François Damiens), démineur breton, dont la fille est enceinte de père inconnu, découvre à l’occasion d’examens médicaux qu’il n’est pas le fils de son père (Guy Marchand que nous sommes très contents de revoir ici). Il engage alors une détective privée qui retrouve son vrai père, Joseph. Entre temps, il a fait la connaissance d’une charmante jeune femme médecin, Anna, qui s’avère être la fille de Joseph. Patatras ! Commence alors une série de chassés-croisés charmants et très comiques, dignes d’un grand vaudeville (1) dans un suspense (presque) haletant. Nous retiendrons une réplique hilarante d’Anna à Erwan, lorsque dans une scène de séduction où il ne sait que faire, alors qu’elle espère qu’il l’embrasse, elle lui répond « La base, on fait la base, comme quand un homme invite une femme à dîner ».
Au-delà de la couche d’humour se profile un autre film sur la filiation, explorant toutes les hypothèses du genre. A la fille qui va avoir un enfant sans père répond le père qui a « perdu » le sien ; au nouveau père répond le père perdu (jolie allitération, isn’t it ?) ; le fait que le héros tombe amoureux de sa soeur putative fait flotter comme un parfum d’inceste (maîtrisé, soyez rassurés) qui interroge sur la porosité entre liens familiaux et liens externes. Ce sont comme des mises en abyme, qui font écho les unes aux autres, tout cela dans une grande bienveillance et sans tenter de creuser plus profond, ce n’est pas le sujet de cette comédie.
Mettons quand même un bémol à cette critique élogieuse, pour citer un point de faiblesse, qui, de mon point de vue, a failli faire basculer le film dans la catégorie « films pas réussis », à savoir la propension de la cinéaste au « trop-plein ». A voir des oeuvres de cette catégorie, nous nous rendons compte à quel point il faut parfois remettre certaines idées dans ses cartons, pour éviter d’embouteiller le fil du récit par mille et mille idées, ingénieuses, certes, mais qui viennent finalement perturber le spectateur. « Le mieux est l’ennemi du bien », dit un dicton célèbre ; et le trop est sûrement l’ennemi du scénario parfait.
Cette légère critique ne doit pas vous dissuader d’aller voir cette jolie comédie, aux acteurs excellents (mention spéciale : ah que Cécile de France est belle ! 😉 ).
FB
(1) Savez-vous que ce terme est issu du nom d’un recueil de chansons françaises du Moyen-Age, le « Vaudevire », éponyme d’une petite région normande, le « Val-de-Vire » ? Maintenant oui !
Content de lire que tu as aimé. 🙂