Musiques (et plus) – Katy Perry : Chained to the rythm (2017)

Je viens de voir le clip de cet air entraînant qui avait capté mes oreilles il y a peu. Et cela m’a donné une envie d’écrire, du genre je-m’y-met-tout-de-suite.

Katy Perry est une artiste américaine du type « côte ouest » (elle est née à Santa-Barbara), un peu plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord. Si certains de ses clips ainsi que la musique qui les accompagne, nous font furieusement penser à ces « teen-agers movies », mélange de rock et de fleur bleue, avec des vidéos d’accompagnement au diapason (nous avons par exemple eu droit au monde enchanté des princesses et contes de fées dans « California gurls » (2010), où de jolies jeunes femmes s’ébattaient au milieu de sucreries de tous genres), d’autres sont plus sérieux, évoquant l’armée ou la capacité à être quelqu’un (respectivement clips de « Part of me » et de « Fireworks« ). C’est un univers que cette jolie brune assume parfaitement, prenant dans l’imagerie pop un rôle de starlette « pin-up » à la fois pimpante et qui s’appuie également sur les piliers de la société américaine et son imaginaire, pour mieux les détourner. Ajoutons à cela que cette jeune femme, en fine mouche, a bien compris que se dévêtir (ce qu’elle fait dans certains clips), ne rime pas forcément avec « sexy », ce qui nous la fait apprécier davantage.

Si je veux ici chroniquer son dernier opus « Chained to the rythm », c’est qu’à mon avis il synthétise de manière finalement assez subtile un certain nombre d’images d’Epinal de la société américaine, avec une critique sous-jacente intéressante.

Livrons-vous tout d’abord les paroles (mais en note (1) car autrement on ne verra plus mon article !).

La chanson rappelle tout d’abord une American way of life presque nostalgique des années 1950, avec ces familles heureuses, ces ménagères qui repassent leur linge avec enthousiasme, ou encore ces marins au sourire éclatant. C’est une Amérique triomphante qui est montrée ici, croyant dans le progrès.

Elle nous montre ensuite un monde de plaisir et de distraction, une fête foraine aux tons acidulés, à laquelle se rendent des gens heureux, en habits colorés (place importante de la mode dans le clip). Un grand huit, de la barbe à papa, des manèges et attractions en tout genre.

C’est aussi une société des sentiments évidents qui est montrée là ; l’amour est présent à tous les coins du film, coeurs, couples, ce sont des marqueurs d’un sentimentalisme béat qui s’exprime ici.

Mais toute cette guimauve sucrée est mise à mal par des notations presque acerbes sur le système ; ainsi le parc d’attraction s’appelle « Oblivion », les personnes qui le fréquentent font la queue pour faire leurs preuves dans une roue d’écureuil, divertissement décervelé dans notre imaginaire, s’il en est. Assujetties à leurs écrans, quelques coquettes se font caricaturer ; cela ne dure qu’un instant, mais il est révélateur (voir plusieurs articles sur ce blog où je dis ce que je pense de cette nouvelle drogue). Et l’assistance, qui semble danser, se conforme en fait à un rythme (celui du titre de la chanson), qui agit comme une drogue. Ajoutons à cela tous les aspects futuristes qui se font jour de çà de là et nous ne sommes pas loin de « 1984 » ou du « Meilleur des mondes » (livres respectivement de George Orwell et de H. G. Wells).  De plus, à la lecture des paroles, nous pouvons nous demander s’il ne s’agit pas d’une dénonciation de la classe politique américaine actuelle ? Mais ce n’est que conjecture de ma part, je ne connais pas les opinions de Katy Perry en la matière.

Une critique de notre société que nous n’aurions pas pensé aller chercher dans un clip.

FB

(1) Traduction un peu revue par moi…
Are we crazy, living our lives through a lens
Sommes-nous fous, à vivre notre vie à travers un prisme
Trapped in our white picket fence, like ornaments
Piégés derrière nos barrières en piquets blancs comme des ornements
So comfortable, we’re living in a bubble, bubble
Tellement à l’aise, nous vivons comme dans une bulle, bulle
So comfortable, we cannot see the trouble, trouble
Tellement de confort, on ne voit pas les problèmes, problèmes
Aren’t you lonely up there in utopia where nothing will ever be enough
N’êtes-vous pas solitaires, là dans votre univers utopique où rien ne sera jamais suffisant
Happily numb so comfortable, we’re living in a bubble, bubble
Volontiers engourdis, tellement à l’aise, nous vivons comme dans une bulle, bulle
So comfortable, we cannot see the trouble, trouble
Tellement de confort, nous ne voyons pas les problèmes, problèmes

So put your rose-colored glasses on and party on
Alors mets tes lunettes aux verres roses et faisons la fête

Turn it up, it’s your favorite song
Mets plus fort, c’est ta chanson préférée
Dance, dance, dance to the distortion
Danse, danse, danse jusqu’à la distorsion
Turn it up, keep it on repeat
Mets plus fort, continue en boucle
Stumbling around like a wasted zombie, yeah
Trébuchant comme un zombie bourré, ouais
We think we’re free (Aha)
Nous pensons que nous sommes libres
Drink, this one’s on me
Bois celui-là pour moi
We’re all chained to the rhythm, to the rhythm, to the rhythm
Nous sommes tous enchaînés au rythme, au rythme, au rythme

Are we tone deaf, keep sweeping it under the mat
Sommes-nous sourds, continuant à nous aveugler
Thought we could do better than that, I hope we can
Nous avons pensé pouvoir faire mieux que ça, j’espère que c’est vrai
So comfortable, we’re living in a bubble, bubble
Tellement à l’aise, nous vivons comme dans une bulle, bulle
So comfortable, we cannot see the trouble, trouble
Tellement de confort, on ne voit pas les problèmes, problèmes

So put your rose-colored glasses on and party on
Alors mets tes lunettes aux verres roses et faisons la fête

Turn it up, it’s your favorite song
Mets plus fort, c’est ta chanson préférée
Dance, dance, dance to the distortion
Danse, danse, danse sur la distorsion
Turn it up, keep it on repeat
Mets plus fort, continue en boucle
Stumbling around like a wasted zombie, yeah
Trébuchant comme un zombie bourré, ouais
We think we’re free (Aha)
Nous pensons que nous sommes libres
Drink, this one’s on me
Bois celui-là pour moi
We’re all chained to the rhythm, to the rhythm, to the rhythm
Nous sommes tous enchaînés au rythme, au rythme, au rythme

It is my desire, break down the walls to connect, inspire,
C’est mon désir de démolir les murs pour nous rapprocher, inspirer
Up in your high place, liars, time is ticking for the empire
Là dans vos hauts lieux, menteurs, le temps est compté pour l’empire
The truth they feed is feeble, as so many times before
La vérité dont ils nourrissent est peu convaincante, comme tellement de fois auparavant
They greed over the people
Ils se servent de la cupidité du peuple

They stumbling and fumbling and we about to riot
Ils trébuchent et tâtonnent, et nous sommes sur le point de nous révolter
They woke up, they woke up the lions
Ils se sont réveillés, ils se sont réveillés, les lions
Turn it up, it’s your favorite song
Mets plus fort, c’est ta chanson préférée
Dance, dance, dance to the distortion
Danse, danse, danse sur la distorsion
Turn it up, keep it on repeat
Mets plus fort, continue en boucle
Stumbling around like a wasted zombie, yeah
Trébuchant comme un zombie bourré, ouais
We think we’re free (Aha)
Nous pensons que nous sommes libres
Drink, this one’s on me
Bois celui-là pour moi
We’re all chained to the rhythm, to the rhythm, to the rhythm
Nous sommes tous enchaînés au rythme, au rythme, au rythme