Bon, d’accord avec vous, l’affiche ne fait pas envie… Mais c’est le réalisateur de l’inénarrable « Babysitting » (voir critique sur ce blog), qui est aux manettes, alors on se laisse tenter.
Philippe Lacheau récidive dans le même genre que celui qu’il avait expérimenté dans son film précédent (et sa suite « Babysitting 2« , que je n’ai pas vue). Epaulé par les deux mêmes comparses (Julien Arruti et Tarek Boudali), il figure un dynamique patron de PME florissante, dont l’objet est de fournir des alibis à des personnes qui veulent cacher quelque chose à leurs proches. Cela donne lieu à quelques situations hilarantes en ouverture du film, à l’occasion d’un passage en revue de différentes situations (l’homme qui veut aller voir le match au lieu d’assister à un dîner avec ses beaux parents, le rappeur célèbre qui souhaite cacher son homosexualité, sans compter les cas d’adultère, bien nombreux…). Malheureusement, cet homme séduisant et qui-a-tout-pour-lui n’a pas encore rencontré l’âme soeur ; ce qui sera chose faite lors d’une scène un peu trash, où il rencontre une jolie joggeuse (avec comme victime, son chien, qui va en connaître d’autres au gré du scénario), dont il tombe amoureux. Mais, patatras, la belle est réfractaire à une seule chose, le mensonge… Le voilà mal parti, me direz-vous, vous avez raison, mais vous ne savez pas à quel point, car le père de la dulcinée a fait appel aux services de cette belle entreprise pour passer un week-end en douce à Cannes avec une plantureuse apprentie chanteuse (écoutez quand même son « tube » en générique, cela vaut la peine !).
A partir de là, nous sommes sur une trame de vaudeville assez classique, avec deux couples qui jouent à cache-cache à Cannes entre les plages et les couloirs d’un hôtel de luxe. Un fil très différent de celui adopté pour « Babysitting« , où nous assistions à une montée en puissance jusqu’au débridé d’une fête de potaches, sans rupture de rythme. Ici, nous sommes toujours dans la même veine de potaches (Philippe Lacheau montre une âme d’adolescent dans sa manière de restituer les sentiments et le sexe, mais aussi dans les modèles de réussite qu’il nous fait voir, star system, incarné par Joey Starr et l’apprentie chanteuse déjà citée, hôtels de luxe les pieds dans l’eau et coupe de champagne à la main), avec une idée de départ géniale (un peu comme dans ‘L’arnacoeur »), brillamment illustrée par des exemples drôlissimes au début du film et des déraillements permanents par la suite qui créent des ruptures salutaires dans cette trame qui serait convenue sans cela. Car nous sommes là comme dans l’opus précédent dans un dynamitage de la société bourgeoise traditionnelle et le réalisateur a le don de s’entourer pour cela ; dans « Babysitting« , Gérard Jugnot et Clotilde Courau voyaient leur maison et leur voiture dévastées et leur parentalité remise en cause ; ici ce sont Nathalie Baye et Didier Bourdon qui se prêtent à l’exercice du couple installé, d’un certain âge, qui vont retrouver une deuxième jeunesse dans cet opus. Notons ici une des grandes qualités de ces films, celle d’arriver à faire jouer au diapason des acteurs si différents.
Dans les moins, il faut souligner les baisses de rythme, dues notamment aux épisodes sentimentaux, très fleur bleue et qui déstabilisent l’ensemble. Si nous comprenons la continuité de ces scènes, avec un adulte qui n’a pas complètement grandi aux manettes, et qui projette ici des images dignes de contes de fées, cela ne sied pas au film…
Pour résumer, à voir pour le vrai rythme de l’ensemble (à l’exception des moments évoqués ci-dessus), l’irrespect souvent drôle des situations (parfois bien en-dessous de la ceinture, je vous préviens) et le côté un peu artisanal de l’ensemble. Mais j’ai préféré son opus précédent.
FB