Cinémas – Bavo DEFURNE : Souvenir (2016)

souvenir

Isabelle Huppert et Bavo Defurne

Voilà, au milieu des géants du cinéma que je suis allée voir récemment (en attendant la critique de « Manchester by the sea », à venir, teasing, teasing !), un petit film sympathique, bourré de défauts mais également de qualités.

Liliane (Isabelle Huppert) travaille dans une fabrique de pâtés (mais si, mais si). Elle croise la route de Jean, un jeune homme de 22 ans, qui reconnaît en elle Laura, une chanteuse sombrée dans l’oubli après une carrière courte et fulgurante. Il va essayer de la pousser à remonter en scène.

Nous pourrons ici objecter le rythme presque anémique du film (qui ne dure pourtant qu’autour d’une heure trente, soit un poids léger par rapport aux sorties actuelles), peu importe, nous sommes pris par l’histoire. Tout cela grâce aux deux interprètes principaux.

Kevin Azaïs, déjà vu dans « La journée de la jupe » (Jean-Paul Lilienfeld, 2009), où il interprétait un jeune caïd, et puis et surtout dans le superbe « Les combattants » de Thomas Cailley (2014), nous donne une belle interprétation du jeune homme un peu dur, et très sensible dans le fond, et notons-le, à la plastique superbe (pour les habitués des potins genre « Gala », notons qu’il est le frère de Vincent Rottiers).

Et puis, et puis, il y a la déesse, l’indestructible (tant mieux !) Isabelle Huppert, magnifique de bout en bout, totalement incrédible comme chanteuse, mais on s’en moque. Nous la suivons de plan en plan tels des animaux fidèles, sensibles à ce qu’elle va dire, ce qu’elle porte, ce qu’elle boit, ce qu’elle fume… Totalement addicts devant cette femme superbe, accomplie, qui n’a tellement plus rien à prouver à personne qu’elle accepte de représenter ce personnage improbable, avec sa voix fluette qu’aucun directeur de casting musical n’aurait retenue… Continue Isabelle, on t’aime !

Ajoutons qu’il est particulièrement jouissif de voir un cinéaste envisager une histoire de désir entre un jeune homme et une femme qui a l’âge d’être sa mère (sans que l’on puisse classer cette dernière dans la catégorie tellement péjorative des « cougars », horreur sexiste contre laquelle je tiens à m’insurger). Nous tenons là un coin enfoncé dans l’édifice immuable de notre société bien masculine et je ne peux que m’en féliciter !

FB