Cinémas – Martin Scorsese : Shine a light (2008)

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Je vous dirai franchement que, dans mon adolescence, je suis passée complètement à côté de ce groupe, nous c’était plutôt The Beatles, puis directement la new wave (tendance cold wave voire un peu punk) avec des groupes comme Siouxie and the Banshees, New Order, Nina Hagen, The Cure, avec quelques incursions côté Soul/Funk (Donna Summer,  Diana Ross et autres) ou inclassables (Supertramp et surtout, oh, surtout, Kate Bush, grand amour de jeunesse jamais démenti).

Ce n’est que longtemps après que j’ai découvert The Rolling Stones et là chapeau bas. Il est très intéressant de voir comment en prenant de l’âge nous filtrons la musique (comme beaucoup d’autres choses d’ailleurs), nous voyons mourir des formations dites « impérissables » ou ressurgir des musiciens que nous n’avions pas détecté à l’époque (voir mon engouement pour « Depeche Mode », que je considère comme l’un des plus grands groupes de pop et que j’ai chroniqué à ce titre sur mon blog). Pour ce qui est des Stones, maintenant je frémis quand j’écoute « Gimme shelter » (sûrement ma chanson préférée dans leur discographie), « Jumpin’ Jack Flash », « Paint it black », « Brown sugar » et bien d’autres…

Martin Scorsese, metteur en scène brillant que nous connaissions pour d’autres oeuvres, mais qui n’ont rien à voir (1), nous livre ici un film en dédicace de fan, s’attachant à restituer deux performances du groupe en 2006 aux Etats-Unis, entrecoupées d’interviews des membres à différentes époques.

C’est un film sage, où le réalisateur s’efface devant la groupie, cédant la place aux musiciens (surtout Mick Jagger et Keith Richards, reconnaissons-le, sans oublier pour autant Charlie Watts et Ron Wood). Et le spectacle donné se suffit à lui-même, de mon point de vue.

La première chose qui m’a saisie est que nous sommes face à des survivants. Des six personnalités qui ont fondé le groupe, quatre sont en vie (Brian Jones, à l’initiative de la formation en 1962 est décédé noyé dans sa piscine sept ans après, et Ian Stewart, qui avait quitté la formation en 1969 sans la quitter vraiment, en 1985) et ont réussi à transcender drogue, alcool et quotidien bien loin de la vie saine et « bio » prônée aujourd’hui (2). Car les voilà, à plus de soixante ans, guillerets et plein d’énergie, sur scène, pour plusieurs heures de concert où ils se donnent à fond.

Et nous nous rendons à l’évidence, nous sommes devant des passionnés, pour lesquels jouer de la guitare, chanter, est devenu l’essence de la vie, nous comprenons la vitalité qui les anime, leur aspect tellement jeune caché parfois sous les oripeaux de la vieillesse, cette énergie essentielle qui est en chacun d’entre nous et que nous ne savons pas, parfois, exploiter comme eux. Il faut voir Mick Jagger s’agiter sur scène, avec sa manière bien à lui de danser et de restituer ainsi cette musique qui l’habite (3), Keith Richards et Charlie Watts se répondre si bien dans des duos de guitare, polis et repolis, mais qui fonctionnent à merveille…  Instructif est également le moment où le Président Clinton et sa famille viennent écouter le concert en tant que V.I.P. et où nous sentons bien que cela ne changera rien à la manière des Stones d’interpréter leurs morceaux, car ils prennent leur satisfaction 😉 ailleurs.

C’est de la vitalité pure que nous livre ce documentaire, des hommes qui continuent à avancer grâce à la musique, continuant à se confronter à des pointures comme Buddy Guy (4) ou à convier de vraies voix actuelles sous employées, comme celle de Christina Aguilera (5).

C’est une leçon de vie et de musique (ne négligeons quand même pas notre plaisir d’écoute, même si pour moi, il est passé au second plan par rapport au propos rapportés dans cet article).

A voir, vraiment, objet hybride pointant dans bien des directions, et où chacun pourra tirer quelque chose, je pense (6).

FB

(1) Ah non, je ne vous résumerai pas la filmographie de Scorsese, tout le monde la connaît ! Mon ambition n’est pas non plus de  vous faire une biographie détaillée des Stones, je vois bien des sites qui sont bien plus experts que moi dans le domaine.
(2) Pensons à ceux qui y ont laissé leur peau, Jim Morrison, Janis Joplin et Jimi Hendrix, pour ne citer que les plus célèbres.
(3) J’écoute, en écrivant, Fred Astaire, et je viens de faire le lien entre les deux à l’instant… Oui je sais, parfois je suis lente à la compréhension 😉

(4) Célèbre musicien de blues, né en 1936 : si vous voulez un conseil : abandonnez le riz complet, les fruits non traités, le jogging dans les rues de Paris et le yoga, faites du blues ! Si je vous dis en plus que Mick Jagger perd des kilos à chaque représentation, je pense que l’incitation suffit…
(5) J’adore sa prestation dans le film « Burlesque » (2010, Steve Antin).
(6) Avec Christina Aguilera, cela pourrait inciter des jeunes, et j’ai des noms, à découvrir le groupe.