Le « Belgica » est un bar célèbre qui existe réellement à Gand, avec une histoire que le cinéaste, fils d’un des fondateurs, nous conte ici (1).
Soit deux frères, Jo et Frank ; le premier vient d’ouvrir un bar à Gand, le deuxième, en s’associant avec lui, va lui donner une ampleur et un souffle de fête rock/techno hors du commun, jusqu’à en faire un des hauts lieux de la vie nocturne de la ville. Musique, alcool, coke, jolies filles, cocktail assourdissant qui s’unit dans des nuits effrénées telles que plus grand monde ne se tient debout à la fin. C’est cette histoire que nous conte le film, avec celle de la dérive d’un idéal ; d’un bar ouvert à tous, où tout est bon marché pour permettre le métissage et l’union des gens autour de ces moments festifs, nous passons insensiblement à un établissement où service d’ordre et prix plus chers recentrent la clientèle. Abandon d’un idéal dont nous suivons la lente métamorphose, ponctuée de séquences de lutte (au sens figuré et au sens propre) entre les frères.
Ce qui m’a frappée en tout premier lieu, c’est la virtuosité avec laquelle le cinéaste filme ce récit. Nous sentons que chaque plan est travaillé, pensé, jusqu’à produire juste l’effet qu’il doit. L’auteur est un virtuose de la caméra, alignant les « belles images » de manière presque obsessionnelle, et cela donne à la fois un résultat fluide et extrêmement complexe. Il excelle notamment à rendre ces épisodes de fête dans le bar, porté par une bande son au top (Soulwax, un groupe du cru, a conçu tous les morceaux à la manière d’un caméléon, en créant autant de « groupes » fictifs que de pièces de musique). C’est de la belle ouvrage, au sens positif du terme.
Citons les acteurs, tous très bons dans leurs rôles respectifs, qui ne sont pas toujours simples.
Bref, tout fonctionne. Et pourtant… C’est un film assez lisse qui ne nous dit pas grand chose. Malgré toutes les qualités que je viens de citer, il peine à nous entraîner (à l’exception des scènes de fête, particulièrement réussies), la relation entre les frères est finalement assez classique, sans relief particulier. En tout cas, je n’ai pas moi réussi à accrocher ; j’avais l’impression d’avoir déjà vu cela, par exemple dans « Boogie nights » (Paul Thomas Anderson, 1998), vous voyez comme cela date !
C’est donc un film à voir pour la musique et la démesure des soirées telle qu’elle est décrite, mais pas plus, de mon point de vue.
FB
(1) Malgré l’avertissement qui nous dit que « toute ressemblance avec etc etc », nous ne sommes pas dupes.